Les forêts privées, entre amendes et grillages
Le 2 février dernier, pénétrer dans une "propriété privée rurale et forestière" peut être sanctionné par une amende allant jusqu'à 750€. Sachant que 75% des forêts françaises sont privées sur le papier, nous dirigeons-nous vers une privatisation de la nature ?
Cette mesure était censée dissuader les propriétaires d'engrillager leurs parcelles de terrains, notamment pour protéger les animaux qui s'y trouveraient des chasseurs qui les chasseraient. Les grillages peuvent effectivement les mettre en danger, les bloquer, les blesser.
Donc, pour répondre à ce problème sans trop fâcher les propriétaires, les députés centristes se sont dits qu'il valait mieux tabler sur la punition. Résultat, ceux qui s'aventurent sur des terres privées risquent désormais de se faire verbaliser.
Cet été, comme le rapporte Reporterre, un marquis s’est offusqué du passage de "hordes déferlantes de curieux irrespectueux sans foi ni loi" et a interdit l’entrée de ses 750 hectares de forêt. Dommage, ils étaient en plein cœur de la réserve naturelle du massif de la Chartreuse. L'événement a déchaîné la gauche, une pétition pour dénoncer sa décision a recueilli quelque 35 000 signatures, et une mobilisation a rassemblé un millier de personnes pour protester. Les militants ont souligné son hypocrisie, assurant qu'il organisait dans son terrain des parties de chasse privées pour des clients étrangers fortunés.
En parallèle, l’association Canopée souligne "le risque de dérives" et de "détournement" de cette mesure. Il est certain que cette nouvelle disposition, basée sur la punition, donne des clefs aux forces de l'ordre pour sanctionner les militants écologistes. Ce qui n'est pas sans rappeler la récente décision du Conseil d'État qui a annulé la dissolution des "Soulèvements de la Terre".
Le député Jérémie Iordanoff a insisté sur l'aspect liberticide et dangereux de cette loin qui "risque [...] d’impacter tous les usagers de la forêt. À peine quelques mois après sa création, nous constatons déjà des abus. À l’avenir, il y a de fortes chances que cela se renforce. Les propriétaires fonciers vont être poussés à interdire l’accès à leur terrain pour des questions d’assurance ou simplement pour faire plaisir à des sociétés de chasse, c’est intolérable.", a-t-il martelé.
Finalement, la gauche plaide pour une meilleure balance entre le respect de la propriété privée et la liberté de circuler.
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