À Montréal, une coopérative d’entreprises transforme ses déchets en matières premières
Située à Montréal, la "Centrale agricole" réunit une vingtaine d’entreprises qui ont fait un pari commun : réduire les déchets en les offrant aux autres acteurs de la coopérative. Une réussite.
Une réutilisation circulaire des déchets
Alors que de nombreux citoyens, sensibles à la question environnementale, se sont déjà convertis au tri des déchets et à l’utilisation d’un composteur, certaines entreprises, elles aussi, ont décidé d’être davantage vertueuses. C’est le cas à Montréal (Canada) où, réunies au sein de la coopérative "Centrale agricole", une vingtaine d’acteurs de l’agriculture urbaine stockent et réutilisent leurs déchets en circuit fermé.
Abritant des entreprises comme Champignon Maison, qui fait pousser pleurotes et shiitakes, ou encore Tricycle, commerce spécialisé dans les insectes à manger, la "Centrale agricole" transforme les déchets des uns en matière première des autres. Ainsi, Champignon Maison se fait une joie de récupérer le marc de café produit aux différents étages de l’immeuble, tandis que Tricycle nourrit ses larves d’insectes grâce à la fibre de jus de fruits d’une entreprise située à cinq kilomètres et au son de blé des boulangeries avoisinantes. « On essaie vraiment de s’entraider et de tirer profit de nos pertes respectives », explique à Reporterre Alan Boccato Franco, directeur de laboratoire chez Champignon Maison. Parmi les autres projets de la "Centrale agricole", celui de récupérer l’air humide d’Opercule, une pisciculture urbaine située dans le même immeuble, qui elle, est intéressée par les déchets produits par Tricycle.
Une diminution des émissions de gaz à effet de serre
Cette économie circulaire est non seulement bénéfique d’un point de vue écologique, mais aussi pour les finances des entreprises qui la pratiquent. Selon la coopérative, chaque entreprise réalise chaque année une économie de 15 000 dollars canadiens (environ 10 400 euros) en récupérant gratuitement les matières premières auprès de leurs voisins.
C’est aussi un formidable gain en matière d’émissions de gaz à effet de serre. Selon l’organisme Circle Economy, augmenter à 17 % la part des matières secondaires (recyclées ou réutilisées) dans l’économie mondiale permettrait de limiter le réchauffement climatique en dessous des 2 °C. Mais, à l’heure actuelle, l’indice de circularité de l’économie mondiale tourne autour de 8,6 % (3,5 % pour le Québec) estime le rapport Global Circularity Gap.
Mais, pour l’économie de l’environnement Charles Séguin, mettre en place une économie circulaire à grande échelle n’est hélas pas pour tout de suite. « Pour que deux entreprises s’imbriquent comme ça, il faut que leurs ressources respectives soient toujours disponibles pour l’autre. C’est un défi. C’est plus difficile à mettre en place sur des grands volumes, mais les économies d’échelle pourraient cependant être intéressantes pour les grandes entreprises. »
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