Des filets "intelligents" pour une pêche plus respectueuse de l’environnement ?
Le gaspillage alimentaire est, selon la FAO (l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) est un des chantiers les plus importants dans la lutte pour la transformation du système alimentaire, pour une industrie plus durable. Lorsque l’on parle de gaspillage, on oublie souvent la question de la pêche, qui en est une des sources principales. Des milliers de tonnes de poissons sont capturées accidentellement puis rejetées à la mer, morts ou mourants. “Les prises accidentelles et les rejets sont une menace pour la durabilité de nombreuses pêcheries et portent préjudice aux moyens d'existence de millions de petits pêcheurs et autres métiers de la pêche,” explique la FAO sur son site. Pour mettre fin à ce gaspillage, une start-up bretonne a développé des filets intelligents, maintenant en phase de tests.
L’intelligence artificielle détecte les espèces de poisson pour pouvoir les libérer
La start-up Game of Trawls (pour Giving Artificial, Monitoring intelligence to Fishing Trawls, ou Game of Thrones) a testé à Lorient dans le Morbihan des filets qui intègrent des caméras et des capteurs et analysent en temps réel les poissons capturés par les chaluts, pour détecter et identifier les espèces. Grâce à un système d'échappement, les pêcheurs peuvent libérer certains poissons, protégeant ainsi les écosystèmes marins. Eric Guygniec, à la tête de l'armement breton Apak et partenaire du projet, explique l'intérêt que cela peut avoir : "Cela ne m'intéresse pas d'avoir le poisson sur le pont et de le trier une fois qu'il est mort, je préfère le trier sur le fond". Avec un tel dispositif, "on sait à tout moment ce qui rentre dans le filet, la taille du poisson et l'espèce, et si l'espèce ne nous intéresse pas on peut ouvrir une trappe", ajoute-t-il.
Réduire l’impact de la pêche et des chaluts sur les fonds marins
Selon un article paru le 17 mars 2021 dans la revue Nature, la pêche au chalut occasionne entre 0,6 et 1,5 gigatonne d’émissions de CO₂ par an. Concrètement, en raclant le fond des océans, les chaluts remuent les sédiments marins, qui constituent le premier réservoir de carbone à long terme de la planète. Pour réduire ces émissions, les chercheurs préconisent la création de zones protégées dans les zones plus sollicitées et là où le stockage du carbone est le plus élevé. Avec la technologie de Game of Trawls, le chalut pourrait mieux choisir ces zones de pêche, ce qui réduirait l’impact sur les fonds marins. "En fonction de la présence d'espèces ciblées ou non ciblées, le chalut va se mettre en mode pêche ou en mode vol afin d'éviter d'avoir un impact sur les fonds marins", explique Julien Simon, du laboratoire de technologie et biologie halieutique de l'Ifremer.
Une technologie à la portée des pêcheurs lambda ?
Cette technologie de pointe suppose de moderniser les pêcheurs, qui devraient investir dans ces équipements, alors que certains se trouvent déjà aujourd’hui face à de lourdes contraintes qui les poussent même à mettre en vente leurs bateaux. Les marins attendent donc des aides lors de la mise en place sur le marché de cette innovation prometteuse, espérée pour 2025.
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