Les pesticides sont à l’origine d'une antibiorésistance transmissible
Dans un dernier rapport commandé par les ministères en charge de la Transition écologique, de l’Agriculture et de la Recherche à l'INRAE et l’Ifremer, ces organismes signalent que certains pesticides sont aussi à l'origine de l’émergence de bactéries résistantes aux antibiotiques. Cela constitue une menace “sur la santé mondiale, la sécurité alimentaire et le développement” selon l’Organisation mondiale de la Santé. Les scientifiques impliqués dans ces recherches soulignent l'importance d'étudier cette antibiorésistance dans les écosystèmes marins, et pas seulement dans l’agriculture.
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Antibiorésistance : des pesticides responsables d’un microbiome du sol plus résistant aux antibiotiques
L’antibiorésistance n'est pas un sujet banal : des patients meurent chaque année en France d'un manque d'efficacité des antibiotiques, dû à leur usage abusif, selon l’étude Burden réalisée en 2019. Depuis, plusieurs études ont confirmé le rôle des pesticides dans le développement de bactéries résistantes aux antibiotiques. Certains herbicides et fongicides nuisent à la diversité du microbiome des sols et de nos aliments, et au contraire, favorisent le développement des bactéries résistantes aux antibiotiques, détectées dans les sources d’eau à proximité des cultures.
Des zones côtières impactées par les pesticides
Les pesticides sont présents jusqu'en mer. Là, ils ne sont pas seulement amenés depuis les cultures, ils sont aussi utilisés dans le cadre des sports nautiques. Le cuivre, par exemple, est un biocide anti-salissure employé sur les coques de bateaux. Ce produit agirait comme un “sélectionneur de bactéries antibiorésistantes” particulièrement puissant.
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Même si le sujet des bactéries résistantes en milieu côtier est peu étudié, des bactéries pathogènes de coquillages (bactéries Vibrio sp.) étudiées en laboratoire ont révélé une tolérance élevée aux antibiotiques. Selon Dominique Munaron, Caroline Montagnani, et Delphine Destoumieux-Garzon, auteurs d’un article pour The Conversation, les coquillages sont des animaux particulièrement sensibles à l’antibiorésistance. Sachant qu’ils sont comestibles, la plupart du temps crus, ils peuvent transmettre leur antibiorésistance dans la chaîne alimentaire, pouvant contaminer pêcheurs et prédateurs. À cause de cette particularité des fruits de mer, les laboratoires de l’Ifremer, en collaboration avec d’autres organismes en France et à l’etranger, mènent en ce moment des projets de recherche pour étudier la résistance aux antibiotiques des coquillages sur quatre sites européens (deux en France, à la rade de Brest et à l'étang de Thau, un en Allemagne et un en Espagne), en espérant éclairer ce sujet crucial pour la santé.
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