Sécheresse en Espagne : défaillance des méga-bassines et irrigation excessive
EAU - La sécheresse persistante en Espagne s'aggrave en raison d'une vague de chaleur d’une rare intensité. Les touristes se réjouissent, mais les Espagnols s'inquiètent. Pour faire face à la sécheresse et après de nombreux mois de restrictions, le gouvernement s’engage à aider les agriculteurs, mais ne pénalise pour autant pas les industries à réduire davantage leur consommation.
L'Espagne a connu la semaine passée une vague de chaleur caniculaire, exceptionnelle pour cette période de l'année, avec des températures maximales de 40º. Jeudi 27 avril, le thermomètre affichait 38,8° à Cordoue (Andalousie) et 40,2° aux Îles Canaries, alors que l'ensemble du pays souffre d'une sécheresse prolongée aux conséquences catastrophiques pour l'agriculture.
Avec une longue période sans précipitations depuis 30 mois, la Catalogne connaît sa pire sécheresse depuis des décennies et les autorités ont déjà donné l'ordre de réduire la consommation d'eau dans 224 municipalités (arrosage des jardins, irrigation agricole et consommation domestique).
Épuisement des réserves d’eau
Alors que le débat sur les méga-bassines est d’actualité en France depuis l’épisode de Sainte-Soline, l’Espagne prouve les limites de ce système. En raison du manque de précipitations, les réservoirs - qui stockent l'eau de pluie en vue de son utilisation pendant les mois les plus secs - ne sont plus qu'au quart de leur capacité en Catalogne, selon les autorités locales.
Ces méga-bassines et lacs artificiels, nombreux sur le territoire espagnol (plus de 1 200 construits dans les années 50) révèlent aujourd'hui leur incapacité à faire face au problème de la sécheresse.
Ces dernières années, en raison d'un manque récurrent de précipitations, les réservoirs espagnols ont été trop sollicités (jusqu'à être épuisés), à l’instar de certaines nappes phréatiques exploitées en relation. "Nous traversons une période difficile d'un point de vue hydrologique", comme l'a reconnu la semaine dernière le ministre de l'agriculture, Luis Planas.
Pour venir en aide aux agriculteurs, celui-ci a annoncé mardi de nouvelles aides telles qu’une réduction de l’impôt sur le revenu de 25 %.
Le pillage de l'eau en Espagne, sa privatisation en France ?
Ces dernières années, la Fondation WWF a pointé du doigt la logique des systèmes d'irrigation à destination des industries en Espagne. Les nappes phréatiques sont souvent surexploitées par ces dernières, y compris dans régions dépourvues d’eaux des rivières et de réservoirs. Cette situation met la ressource d’eau, et sa réserve naturelle, en péril.
L'Espagne est ainsi le pays d'Europe où la surexploitation de l'eau est la plus importante. Et c'est sans compter l'eau consommée illégalement. Pour extraire de l'eau d'une nappe phréatique, il faut solliciter une autorisation administrative. Or, le plus souvent, il s'agit d'exploitants de parcelles irriguées sans permis qui captent ces précieuses eaux souterraines.
L'administration elle-même alimente cette surexploitation de l'eau en accordant l'accès au-delà des limites du plan hydrologique défini pour chaque bassin, pour chaque réserve d'eau. Parmi les plus grands exploitants en Espagne, on trouve des entreprises telles que PepsiCo et Nestlé.
En France, avant-hier mardi 2 mai, Nestlé vient d'être contraint à Vittel, en raison de la sécheresse, de suspendre l'exploitation de deux de ses six forages dédiés à puiser l'eau de la marque Hépar. Depuis l'exploitation privée de la nappe phréatique par la multinationale, ce n'est pas la première fois que des tensions apparaissent dans la continuité de la production de l'eau minérale des Vosges.
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