Un "pass carbone" en France pour atteindre la neutralité carbone
La lutte contre le réchauffement climatique prend-elle la tournure tant appréhendée par beaucoup, à savoir une atteinte aux libertés individuelles ? Un docu-fiction intitulé “2050: ouvrons les yeux”, diffusé lundi 14 novembre sur BFMTV, évoque l’instauration d’un “permis carbone” en France et le présente comme “une des clés du succès face au changement climatique”. Un concept qui ne manque pas de contrarier, voire attiser certaines craintes.
Dans un passage de ce docu-fiction, la présentatrice explique le concept de ce “permis carbone”. Elle cite l’exemple d’une startup suédoise, à l’origine d’une carte de crédit qui calcule l’empreinte carbone à chaque achat et informe les consommateurs. Un modèle dont la France devrait s’inspirer, à se référer à ce documentaire.
Comment ce pass fonctionnerait-il ? En plus de son compte bancaire et de sa carte de crédit, chaque citoyen se voit attribuer un compte de “CO2”. À chaque achat, en plus du prix du produit ou du service, le consommateur devrait également payer le quota de carbone généré pour la production de ce produit ou pour la réalisation de ce service.
La présentatrice de BFM TV a ainsi rappelé, à titre d’exemple, que la baguette de pain coûterait 150 grammes de CO2, que le steak de 250 grammes coûterait 6 Kg de CO2, qu’un plein d’essence de 50 L coûterait 50 Kg de CO2 et qu’un vol aller-retour Paris-New York coûterait 6 tonnes de CO2. Ainsi, explique-t-elle, ce “voyage long courrier pourrait couter la moitié du quota annuel” accordé à un citoyen.
L’objectif de ce “permis carbone” : “réduire notre empreinte environnementale pour parvenir à nos objectifs de réduction des gaz à effet de serre et limiter l'ampleur du réchauffement climatique dans les décennies à venir”. Concrètement, il pourrait s’agir d’une carte magnétique qui totaliserait le stock de CO2 restant, que le consommateur doit présenter à chaque achat afin de “payer” son coût carbone.
Une "théorie du complot" en passe de devenir réalité ?
La démarche a déjà ses adeptes, voire ses défenseurs, comme des économistes, des militants écologistes, des ONG ou encore des élus. L’un d’eux, le député Renaissance des Deux-Sèvres, Jean-Marie Fiévet, estime qu’il “faut atteindre la neutralité carbone” à l’horizon 2050 selon les accords de Paris “et il n’y a pas plein de façons d’y arriver”. Il affirme que le “compte carbone” permettrait "d'y arriver à la fois collectivement et individuellement".
Le “compte” carbone préconisé par cet élu ne se contente pas d’informer le consommateur sur la quantité de CO2 générée par son achat, dans une démarche de sensibilisation. Cette approche a d’ailleurs été adoptée par une banque australienne, CommBank (Australia’s Commonwealth Bank), qui a introduit sur sa plateforme e-banking une fonctionnalité qui relie les achats de ses clients à leur empreinte carbone.
Dans le docu-fiction “2050: ouvrons les yeux”, il est clairement évoqué que chaque citoyen ne doit pas dépasser son quota carbone sur une année. Ce quota diminuerait tous les ans, afin de pousser les citoyens à consommer “différemment” et réduire “collectivement et progressivement” les émissions de gaz à effet de serre. Le modèle de la startup suédoise dont la France entend s’inspirer évoquait même la possibilité de "bloquer" les dépenses dès un "maximum de carbone" atteint.
Une pareille pratique porte fatalement atteinte à la liberté individuelle, puisque les consommateurs pourraient être privés de faire des achats. "C’était complotiste il y a six mois. C’est prêché publiquement aujourd’hui", fait remarquer le conférencier et essayiste Idriss Abderkane sur Twitter.
C’était complotiste il y a six mois
— Idriss J. Aberkane Ph.D, Ph.D & Ph.D (@idrissaberkane) November 15, 2022
C’est prêché publiquement aujourd’hui. #LeurParoleNeVautRien https://t.co/QYde5S9UTX
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