Affaire Arthur Noyer : minute par minute, la dernière nuit du caporal à Chambéry dans l'ombre de Nordahl L.
Le minutage est précis. Lors de la conférence de presse tenue ce mercredi 20 par Thierry Dran, le procureur de la République, c'est la dernière nuit du caporal Arthur Noyer qui a été décrite. Et, grâce aux bornages de ses téléphones mobiles, c'est également le parcours de Nordahl Lelandais lors de cette nuit du 11 au 12 avril qui a été retracée. Des chemins qui concordent parfaitement, de l'aveu même du magistrat.
Arthur Noyer, chasseur alpin basé dans une caserne de Barby en banlieue de Chambéry se rend au cœur de la préfecture de Savoie pour une soirée festive. Jusqu'à 1h20 du matin, il fréquente trois bars différents avant de se rendre dans une boîte de nuit dans le secteur du Carré Curial. Il y reste de 1h25 à 2h03, et se tiendra aux abords jusqu'à 2h48. Au cours de la soirée, un petit incident émaillera cette sortie, avec le vol du portable du jeune homme qui lui sera ramené avant l'intervention de la police. A priori, Nordahl Lelandais ne serait pas impliqué dans ces faits, bien qu'il soit un habitué de la boîte de nuit selon l'une de ses anciennes compagnes.
A 2h48 le jeune caporal se met en marche. A 2h56 et 3h01, son téléphone est localisé dans des rues du centre-ville de Chambéry. Visiblement, selon des images de vidéosurveillance, il fait de l'auto-stop probablement pour rentrer Barby.
C'est à ce moment qu'un véhicule, une Audi A3 (comme celle de Nordahl Lelandais, et de 2.900 autres personnes en Savoie) le prend à son bord. En effet la vitesse de déplacement du téléphone, repéré par d'autres bornes, s'accélère. A 3h05 il est à Saint-Baldoph, puis à 3h11 à Appremont, des communes rurales situées à quelques kilomètres au sud de l'agglomération de Chambéry. Dans une direction qui ne mène pas à Barby. A 4h du matin, le téléphone du jeune homme ne borne plus. Il ne donnera plus aucun signe de vie. Jusqu'à la découverte le 7 septembre à Montmélian, au sud-est de Chambéry d'un crâne dont on découvrira le 18 décembre seulement, grâce à une trace ADN, qu'il appartient au malheureux caporal.
Nordahl Lelandais, lui, était dans le centre-ville de Chambéry à 2h58. Et il était à Saint-Baldoph à 3h08, ce qui correspond au parcours et au timing du parcours d'Arthur Noyer. Ses deux téléphones sont éteints à 3h31 et 3h41. Ils ne seront rallumés qu'à 7h53 à Domessin à son domicile à une trentaine de kilomètres de Chambéry.
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Face à l'évidence, Nordahl Lelandais a admis être allé à Chambéry et Saint-Baldoph aux horaires indiqués. Deux éléments sont particulièrement troublants et sont accablants pour le trentenaire, ancien militaire. Primo, si la ville de Chambéry reste animée en centre-ville le samedi soir, la commune de Saint-Baldoph n'offre guère de raison de s'y rendre pour quelqu'un qui n'y réside pas. Secundo, la commune de Saint-Baldoph n'est pas sur la route qui relie Chambéry à Domessin. Le suspect s'y est donc rendu dans un but précis. Et pour l'instant inconnu: il a refusé de répondre aux questions du juge d'instruction qui l'a mis en examen pour assassinat.
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