Affaire Grégory : l'ex-juge Lambert retrouvé mort à son domicile du Mans

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Par AFP
Publié le 11 juillet 2017 - 23:54
Mis à jour le 12 juillet 2017 - 23:00
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L'ancien magistrat Jean-Michel Lambert au Mans, le 1er septembre 2014
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© JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP/Archives
L'ancien magistrat Jean-Michel Lambert au Mans, le 1er septembre 2014
© JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP/Archives

Relancée depuis un mois, l'affaire Grégory a pris un nouveau tour dramatique avec la mort, probablement un suicide, mardi soir au Mans de Jean-Michel Lambert, 65 ans, premier juge chargé en 1984 d'instruire cette affaire devenue un des plus grands fiascos de l'histoire judiciaire en France.

Le corps a été découvert mardi vers 19H00 à son domicile du Mans, a confirmé mercredi dans un communiqué le procureur de la République du Mans, Fabrice Bélargent.

"Il ne présentait aucune trace de violence, la tête étant recouverte d'un sac en plastique", a précisé le procureur. "Aucune trace d'effraction ni de désordre n'a été constatée sur place. Aucun écrit de nature à expliquer ce décès n'a été découvert", ajoute le magistrat.

"L'enquête a été confiée au SRPJ d'Angers et une information en recherche des causes de la mort sera très prochainement ouverte. Une autopsie sera nécessaire pour déterminer précisément la cause du décès", a-t-il précisé.

Il y a cependant "peu de place au doute" sur un suicide de l'ancien magistrat, note une source proche du dossier.

D'après les premiers éléments de l'enquête, le corps du juge Lambert a été découvert par une voisine alertée par l’épouse du magistrat, actuellement en cure selon des proches, sans nouvelles de son mari depuis la veille.

Au palais de justice du Mans, l'émotion était grande mercredi, a confié un magistrat à l'AFP. L'ex-juge était "quelqu'un de relativement secret, il avait trouvé un certain équilibre, mais il était hanté quand même par cette affaire", a dit à l'AFP un autre magistrat, joint par téléphone.

"C’est très inattendu, encore que je l’ai senti plusieurs fois assez déprimé", a réagi Jean-Claude Cuna, ancien greffier du juge Lambert à Épinal, resté très proche de l'ex-juge. "Je ne pense pas que le fait que l’affaire reparte puisse expliquer son geste. Mais il a peut-être senti qu’on allait à nouveau parler de lui, l’interviewer, l’assaillir. Depuis 1984, il y a une pression énorme", a-t-il ajouté.

Me Aouatef Braber, une avocate qui connaissait le magistrat depuis son arrivée au Mans et qui l'avait rencontré la veille de sa mort, s'est dite "choquée" par son décès. "Lundi, il avait l'air un peu soucieux, mais il n'y avait rien de particulier (...) Il m'a dit qu'il était en train d'écrire un livre qui sortirait en septembre, a-t-elle confié à l'AFP.

Dans le manuscrit de ce onzième roman "Témoins à charge", son éditeur De Borée, propriété du groupe Centre France, note d'"étranges parallèles" avec sa fin tragique: le personnage du Professeur Chabert, qui lui "ressemble trait pour trait", se donne la mort "pour sauver son honneur" et son corps est découvert "la tête recouverte d’un sac plastique, une bouteille de whisky vide au pied du fauteuil".

Seule divergence: contrairement à son personnage, l'ancien juge n'aurait laissé aucun écrit pour expliquer un geste.

- 'Le petit juge' -

Surnommé "le petit juge", Jean-Michel Lambert avait 32 ans lorsque, le 16 octobre 1984, le cadavre de Grégory Villemin, quatre ans, avait été retrouvé pieds et poings liés dans la Vologne.

Seul juge d'instruction à Épinal (Vosges), celui qui en était à son premier poste avait notamment révélé à la presse la teneur des accusations de Murielle Bolle, 15 ans, qui venait de dénoncer son beau-frère, Bernard Laroche, comme le ravisseur de Grégory.

Après la mort de Bernard Laroche, tué par son cousin, le père de l'enfant, Jean-Marie Villemin, les soupçons du magistrat s'étaient tournés vers la mère de Grégory, Christine Villemin, qu'il avait inculpée d'assassinat et renvoyée devant les assises. Mais la Cour de cassation avait annulé la mise en accusation.

Entre-temps, l'instruction avait été reprise par un autre magistrat, le juge Maurice Simon, qui avait mis à mal toutes les thèses du "petit juge" et dont des extraits des "carnets secrets", récemment versés à la procédure selon des avocats du dossier, ont été diffusés mardi par BFMTV.

Depuis un mois, l'enquête sur l'affaire Grégory a été relancée. Fin juin, Murielle Bolle a été mise en examen pour enlèvement suivi de mort. La grand-tante et le grand-oncle de l'enfant, Jacqueline et Marcel Jacob, pour enlèvement et séquestration suivie de mort.

Jean-Michel Lambert, natif de Jarnac, avait été nommé à Bourg-en-Bresse en 1988, avant d'être muté en 2003 au Mans. Après un premier livre "Le petit juge", sorti en 1987, il s'était plongé dans l'écriture avec une dizaine d'ouvrages à son actif.

Au moment de prendre sa retraite, en 2014, il sortait "De combien d'injustices suis-je coupable", dans lequel il évoquait "la complexité de l'œuvre de justice".

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