Aide aux migrants : le militant Cédric Herrou jugé en appel

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Par AFP
Publié le 19 juin 2017 - 19:04
Mis à jour le 20 juin 2017 - 01:55
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Le militant Cédric Herrou à Nice, dans le sud-est de la France, le 4 janvier 2017
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© Valery HACHE / AFP/Archives
Le militant Cédric Herrou à Nice, dans le sud-est de la France, le 4 janvier 2017.
© Valery HACHE / AFP/Archives

L'avocat général a requis lundi, devant la cour d'appel des Bouches-du-Rhône, une peine de huit mois de prison avec sursis à l'encontre du militant Cédric Herrou pour aide à l'immigration clandestine de migrants à la frontière franco-italienne.

Cet agriculteur bio de la région de Nice avait "transporté des gens", majoritairement des Soudanais et Érythréens - depuis l'Italie et aidé jusqu'à 200 clandestins.

En première instance, en février, il avait été condamné à 3.000 euros avec sursis par le tribunal correctionnel de Nice.

"J'ai transporté des gens, j'aide des gens et il y a des explications", a pudiquement déclaré Cédric Herrou, 37 ans, tout en se disant "innocent" alors que la justice lui reproche d'avoir pris en stop en Italie des migrants, qu'il a aidés à entrer en France et en a hébergés jusqu'à 200.

Interrogé par le président de la cour d'appel sur ses motivations, il explique que "la revendication était que les mineurs soient pris en charge par les autorités, et que les migrants puissent faire leur demande d'asile".

"J'ai l'impression de faire le travail de l’État", lance l'agriculteur de Breil-sur-Roya (Alpes-Maritimes), chemise blanche, petites lunettes et barbe fournie, qui se demande "comment on peut dormir quand des gens sont dehors quand il pleut".

"Je n'incarne pas une lutte" mais "je me sens considéré comme un contrebandier" par la justice "alors qu'on parle de gens", se désole le militant, condamné en première instance à 3.000 euros avec sursis mais relaxé sur le volet concernant l'hébergement dans un bâtiment de la SNCF.

Le parquet de Nice, qui avait également demandé une condamnation à huit mois de prison avec sursis, avait fait appel du jugement.

M. Herrou "a fourni cette aide sans apporter la preuve de la détresse" des migrants, nécessaire pour caractériser l'"immunité humanitaire" prévue par la loi, rétorque l'avocat général, qui s'interroge sur "la cause militante (comme) contrepartie", et son écho médiatique ainsi permise.

"La situation en détresse de ces gens n'est en rien différente de celle des 180.000 migrants qui se trouvent en Italie", ajoute le représentant du ministère public.

- De nombreux soutiens -

"Lorsque nous sommes face à la détresse humaine dans la rue, vous allez aider la personne", a martelé l'avocat de la défense, Me Zia Oloumi, demandant la relaxe de M. Herrou, "devenu le visage de cette solidarité" et "nourri au grain du partage, de la fraternité et de la solidarité".

"La fraternité est le socle de notre République", a-t-il plaidé, estimant que "l'administration et l’État n'apportaient pas de réponses satisfaisantes à ces personnes".

De nombreux soutiens étaient réunis lundi avant l'audience en appel à Aix-en-Provence. Une centaine de militants, entre autres, de la Ligue des droits de l'Homme (LDH), Cimade ou Emmaüs, se sont rassemblés devant la cour d'appel, munis de pancartes "La solidarité n'est pas un délit" et derrière une banderole "Je connais ton nom, étranger, tu t'appelles mon frère".

Parmi eux, Me Magalie Abenza, avocate spécialisée en droit de la famille et droit des affaires, membre du Syndicat des Avocats de France, s'étonne qu'"au moment où on célèbre les +Justes+ qui agissaient en 1940, aujourd'hui, les mêmes personnes qui viennent en aide aux migrants passent devant un tribunal".

La cour d'appel d'Aix-en-Provence rendra son arrêt le 8 août.

A la frontière franco-italienne, la situation ne cesse d'empirer: le nombre de migrants est en forte hausse et les accidents mortels se multiplient.

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