Air France : 6 interpellations, Duflot et Mélenchon s'indignent
Six salariés d'Air France ont été interpellés à leur domicile ce lundi matin et placés en garde à vue, selon la police de l’air et des frontières (PAF). Cinq d'entre eux auraient été identifiés sur des vidéos comme étant à l'origine des violences commises à l'encontre des dirigeants du groupe le 5 octobre dernier. Les salariés travailleraient au sol comme magasiniers pour Air France Cargo et risquent jusqu'à 5 ans de prison pour violences volontaires en réunion et entrave au déroulement d’un comité d’entreprise. "Air France ne fera aucun commentaire sur l'enquête judiciaire", a déclaré une porte-parole du groupe.
Dix plaintes auraient été déposées à la suite des incidents survenus lors de la CCE, dont six par des vigiles, trois par des cadres d'Air France et une de la part du groupe pour "entrave au CCE" et "dégradations". La police n'est pas à l'abri de procéder à plusieurs autres interpellations, puisqu'une enquête interne aurait identifié une dizaine de personnes également impliquées. Selon RTL, la direction du groupe devrait envoyer les premières lettres de licenciements ce lundi.
Indignée, Cécile Duflot a condamné les conditions d'interpellation des salariés sur son compte Twitter: "Arrêtés chez eux à 6 h du matin? Pourquoi? pour les humilier devant leurs familles ou parce qu'ils préparaient une fuite à St Martin?". Alexis Corbière, le secrétaire national du parti de Gauche a également estimé que "l'arrestation de salariés d'Air France à leur domicile de bon matin est honteuse! Ce ne sont pas des criminels!" a-t-il ajouté, rejoignant l'avis de Jean-Luc Mélenchon. "Jour de deuil. 4 salariés arrêtés pour fait de lutte. Que la résistance et la colère soient plus contagieuses que la peur" a-t-il déclaré sur Twitter.
La CGT dénonce une "technique d'intimidation" et appelle à manifester une nouvelle fois. Selon Didier Fauverte, dirigeant du syndicat, une vingtaine de personnes pourraient être inquiétées. "Je pense qu'il y aura d'autres salariés appartenant à d'autres syndicats qui seront mis en cause. Tout ça va continuer à faire bouillir la cocotte", a-t-il expliqué, estimant que les interpellations sont "une volonté de faire peur pour essayer de museler un peu tout le monde".
Les discussions entre la direction du groupe et les pilotes, à qui l'on demande d'augmenter leur temps effectif de travail sans augmentation salariale, ont reprises. Le dialogue devrait être établi avec les hôtesses de l'air et les stewards ce lundi. "Je veux bien qu'ils continuent les négociations mais si c'est sur ces bases-là, je crois que ça va être vite réglé, les négociations", a lancé Didier Fauverte, agacé par les procédures judiciaires.
C'est parce que la direction d'Air France a confirmé l'éventuelle suppression de 2.900 postes, que les salariés se sont réunis pour manifester lors de la CCE le 5 octobre dernier. Depuis l’arrivée d’Alexandre de Juniac en 2011, la direction de la compagnie aérienne a organisé quatre vagues de suppressions de postes, soit près de 15.000 personnes.
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