Attentats de Paris : pas encore de date pour le transfert d'Abdeslam vers la France
Salah Abdeslam, suspect-clé dans les attentats du 13 novembre à Paris, dont la remise à la France était considérée comme imminente, ne sera pas transféré "avant plusieurs semaines" selon son avocat, la justice belge souhaitant l'entendre au moins dans l'enquête sur une fusillade survenue à Bruxelles trois jours avant son arrestation.
"Il sera remis à la France d'ici plusieurs semaines (...) il doit encore être entendu dans un autre dossier", a expliqué aux journalistes Me Sven Mary, faisant allusion à la fusillade survenue le 15 mars dans la commune bruxelloise de Forest, quand une opération de police liée aux attentats dans la capitale française avait dégénéré.
Interrogé par l'AFP, le parquet fédéral a toutefois estimé qu'il était "beaucoup trop tôt" pour se prononcer sur une quelconque date de remise à la France de Salah Abdeslam, arrêté le 18 mars à Bruxelles après quatre mois de cavale. "On n'en a encore aucune idée", a dit un de ses porte-parole, Eric Van der Sypt.
Avant cette échéance, il devra aussi être interrogé par les enquêteurs sur les attentats perpétrés à Bruxelles le 22 mars, "c'est logique", selon une source proche de l'enquête (son avocat affirme de son côté qu'"aucune audition n'est prévue" pour le moment). Interrogé juste après ces attentats, il avait dit ne pas être au courant de ce qui se préparait.
Le 15 mars à Forest, un complice présumé de Salah Abdeslam, l'Algérien Mohamed Belkaïd, avait été tué pendant une opération de police, tandis que deux autres hommes prenaient la fuite après plusieurs échanges de coups de feu.
Salah Abdeslam est soupçonné d'être l'un d'eux et il intéresse les enquêteurs car au cours de l'opération "il y a eu des coups de feu" tirés sur des policiers, a précisé Me Mary. L'avocat s'exprimait à l'issue d'une audience à huis clos devant la chambre du conseil de la cour d'appel de Bruxelles, pendant laquelle a été décidé le maintien en détention de son client.
Ce Français de Belgique âgé de 26 ans est incarcéré dans le quartier de haute sécurité de la prison de Bruges depuis le lendemain de son arrestation. Il semble figurer au cœur de la cellule djihadiste qui a semé la mort à Paris le 13 novembre (130 morts), puis à Bruxelles le 22 mars (32 morts).
Il a "eu un rôle central dans la constitution des commandos" et "dans la préparation logistique" des attentats parisiens, avait assuré le procureur de la République de Paris, François Molins. Et il a au moins convoyé les kamikazes du Stade de France (banlieue parisienne).
Dans ses premières déclarations, le 19 mars, il a relativisé son rôle, racontant qu'il "voulait se faire exploser au Stade de France" avant de faire "machine arrière", selon François Molins. Depuis, il s'est muré dans le silence.
"Mon client dit qu'il lui a donné une tout autre version", a déclaré à l'AFP Me Carine Couquelet, avocate d'Hamza Attou, l'un des deux hommes qui sont allés récupérer Salah Abdeslam à Paris le soir du 13 novembre. "Il lui aurait expliqué que sa ceinture d'explosifs n'avait pas fonctionné ce soir-là", ajoutant : "ils vont payer pour la mort de mon frère", Brahim, l'un des kamikazes qui s'est fait exploser dans une brasserie parisienne, d'après l'avocate.
Les enquêteurs se demandent si Salah Abdeslam n'était pas chargé d'un attentat dans le 18e arrondissement de Paris, où a été retrouvée une des voitures utilisées par le commando. Cette attaque, mentionnée dans la revendication du groupe djihadiste État islamique (EI), n'a pas eu lieu.
Outre Abdeslam, plusieurs autres inculpés dans le volet belge de l'enquête sur les attentats du 13 novembre ont vu leur détention provisoire prolongée jeudi. C'est le cas notamment de Mohamed Amri, qui avait véhiculé le suspect-clé le soir du 13 novembre, et de Mohamed Bakkali, qui lui avait trouvé un endroit où il pourrait se cacher dans la commune bruxelloise de Schaerbeek.
La chambre du conseil de la cour d'appel de Bruxelles a également décidé le maintien en détention d'Ahmed A., un suspect jusqu'alors connu sous le faux nom d'Amine Choukri, également interpellé le 18 mars à Molenbeek et dont les empreintes ont été retrouvées dans plusieurs cachettes belges de la cellule djihadiste.
La juridiction d'instruction a revanche décidé la libération conditionnelle d'Abdellah Chouaa, un Belge de 35 ans soupçonné d'avoir fréquenté des proches de Salah Abdeslam. Mais le parquet fédéral n'a pas exclu de faire appel, ce qui suspend pour l'instant la remise en liberté.
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