Braquage de l'A6 : seules "5 ou 6 équipes sont capables de telles actions en France", assure un spécialiste
Un commando "bien renseigné" et "aguerri", qui a réussi à dévaliser deux fourgons et rafler plus de neuf millions d'euros de butin, le tout sans tirer le moindre coup de feu. Une chose est sûre: les braqueurs de l'autoroute A6, dans l'Yonne, sont des professionnels. Et leur "casse" de mercredi 11, un modèle du genre.
"Si les malfaiteurs appartiennent au grand banditisme français, ils font partie d'une des cinq ou six équipes capables de telles actions en France", estime ainsi Thierry Colombié, cité par Le Figaro. Des "professionnels", donc, selon ce spécialiste du crime organisé qui rappelle que "les malfaiteurs du grand banditisme ont pour habitude de réaliser des opérations +zéro risque, zéro défaut+, de se donner tous les moyens nécessaires (…) en minimisant surtout le risque +années de prison+. Ne pas tirer un seul coup de feu, par exemple, leur évite d'être renvoyés devant la Cour d'assises, de prendre 15 ans de prison".
Un braquage réalisé sans coup de feu, mais pas sans violence. Le commando a ainsi molesté les convoyeurs de fonds, qui ont été "enfermés dans un véhicules (…), puis aspergés avec un extincteur avant de se voir intimer l’ordre de courir à travers champs", raconte Le Journal du Centre. Les quatre employés de la société de transport Témis se sont toutefois sortis indemnes de l'attaque.
Un chauffeur routier stationné au péage d'Avallon au moment des faits a lui aussi été séquestré par les braqueurs, qui finissent par le relâcher une fois l'opération bouclée, afin de l'empêcher de donner l'alerte. "Le braquage, c'est avant tout une opération militaire qui demande une grande discipline, de l'invisibilité et de la témérité", analyse Thierry Colombié.
Mais pas seulement. "Un coup comme cela peut prendre plusieurs semaines: cela implique une équipe bien préparée. Mais aussi qu’il y a eu des complicités de l’intérieur", avance ainsi Claude Cancès, qui a dirigé par le passé le "36 quai des Orfèvres" et l'Antigang, à L'Yonne Républicaine. "On ne peut pas s’attaquer à un fourgon sans savoir ce qu’il y a dedans. Il faut connaître les heures de déplacements. Les sociétés de protection évitent de prendre les mêmes itinéraires. Et ils sont souvent établis à la dernière minute…", soulève cet ancien grand flic.
L'autre difficulté de ce genre d'opération consiste à écouler le butin volé. Estimé à 9,5 millions d'euros, les bijoux, diamants et autres objets d'art dérobés auraient une valeur réelle sur le marché noir (auprès d'un receleur par exemple) de 2 millions d'euros maximum, soit des "parts" individuelles somme toute assez modestes pour chacun des braqueurs compte tenu des risques.
"Pourquoi des malfaiteurs aussi chevronnés auraient pris le risque de passer dix ans en prison pour gagner 200.000 euros?", s'interroge ainsi Thierry Colombié, qui avance la piste d'une "escroquerie à l'assurance" convenue entre les braqueurs et "par exemple, le dirigeant d'une société de transports de fonds ou le propriétaire d'un ou des biens dérobés".
Quoi qu'il en soit, ce vendredi, le commando courait toujours. "Les malfaiteurs doivent maintenant gérer leur cavale. Or, vu les progrès de la police scientifique et l'utilisation des banques de données, Internet, téléphonies ou vidéosurveillance, il est de plus en plus difficile de devenir invisible. L'avenir dira si ce sont de vrais +grands bandits+", conclu Thierry Colombié.
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