Corrida : 18 aficionados au tribunal pour violences contre des "anti"
Coups de poings, coups de pieds, sur des hommes et mêmes des femmes, à terre. Les images, disponibles sur YouTube, et visionnées à plus de 220.000 reprises ce jeudi 12 au matin, sont violentes. Et valent à dix-huit des agresseurs de se retrouver devant le tribunal correctionnel de Nîmes, à parti de ce jeudi 14, pour "violences en réunion" sur des anti-corridas qui avaient perturbé un spectacle de tauromachie, en 2011.
Arène du petit village de Rodilhan (Gard), le 8 octobre 2011. Alors que la corrida s'apprête à commencer, des militants "anti" se lèvent soudain dans les gradins et déploient des banderoles ("corrida=torture", notamment). Les premières bousculades éclatent. Un autre groupe, peut-être d'une trentaine de personnes, enjambe alors les barrières et se précipite sur le sable, s'asseyant et s'enchaînant, pour bloquer le spectacle.
C'est alors que la situation dérape complètement. Très remontés, des aficionados (amateurs de tauromachie) se précipitent alors sur les militants. Et les coups pleuvent. Dans la tête, le dos, les "anti" sont pour certains passés à tabac par quelques individus. On voit même distinctement sur les images tournées et diffusées par le collectif Sauvons les animaux un homme arracher son tee-shirt à une jeune femme, puis revenir à la charge pour lui arracher son soutien-gorge (à 5 minutes de la vidéo environ). On voit également qu'une majorité des spectateurs restent plutôt calmes, certains tentant même d'apaiser les plus violents, tandis que d'autres s'escriment surtout à essayer de déloger les militants.
Un des défenseurs des accusés, parmi lesquels le maire de Rodilhan, maître Ludovic Para, n'en démord par moins: tout est de la faute des militants, qui ont mis le feu aux poudres. "C'est le même cas de figure que le voleur qui se fait tirer dessus. Vous pouvez l'écrire, j'assume la comparaison", estime-t-il, cité par Le Figaro. Puis d'ajouter: "tout a été savamment orchestré. Les anti-corridas avaient plusieurs caméras. C'était une véritable production. Alors qu'il y avait des secours sur place qui auraient pu les soigner, ils ont attendu avant d'aller chez le docteur pour obtenir un certificat établi par leurs médecins de famille... Et puis, ils ont pris le temps de s'organiser juridiquement avant de porter plainte".
Un des militants présents en 2011 oppose la violence des faits: "on nous frappe la tête et le dos avec poings et pieds. On nous enfonce les doigts dans les yeux, on nous traîne sur le sol par les cheveux, on nous arrose au jet d'eau à bout portant. Les femmes subissent des attouchements sexuels humiliants, certaines sont déshabillées (...), rouées de coups", dénonce-t-il, cité par France-3 Languedoc Roussillon. "Ces salauds d'anti-corrida nous ont tendu un sacré piège et ils ne nous lâchent plus depuis", rétorque un sexagénaire qui, comme beaucoup dans la région, qualifie les "anti" de "terroristes".
Ce procès est aussi celui du président du Comité radicalement anti-corrida (Crac) Jean-Pierre Garrigues, poursuivi pour avoir organisé une manifestation non autorisée.
Les audiences doivent se poursuivre sur deux jours, jusque vendredi 15.
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