Effondrements à Marseille : un 8e corps retrouvé, des experts dépêchés de Paris
Les secours ont retrouvé vendredi un huitième corps, peut-être celui de la dernière victime de l'effondrement lundi de deux immeubles à Marseille, où des experts ont été dépêchés de Paris pour examiner les bâtiments les plus dégradés et épauler la ville.
Les corps de cinq hommes et trois femmes ont été découverts depuis l'effondrement de ces deux immeubles vétustes. Vendredi soir, toutes les victimes avaient été identifiées, a annoncé à l'AFP le procureur de la République. Il s'agissait de cinq locataires et trois visiteurs du numéro 65.
Les deux autres immeubles qui se sont écroulés - dont un, plusieurs heures plus tard, en partie sous l'action des marins-pompiers - étaient murés et théoriquement vides, même si, selon des témoignages recueillis dans le quartier par l'AFP, l'un d'eux était souvent squatté.
Les opérations de déblaiement se poursuivaient vendredi soir, a ajouté le procureur, M. Tarabeux. Sur les lieux du drame, 65 sauveteurs continuaient de dégager le tas de gravats de la rue d'Aubagne dans le quartier populaire de Noailles, en plein centre-ville. Les opérations sont très délicates depuis le début de la semaine en raison de la fragilité des bâtiments voisins, dont deux ont dû être partiellement "déconstruits".
Vendredi matin, dans la zone concernée et à ses abords, de nouveaux immeubles avoisinants ont été évacués, par précaution, et par crainte d'un "effet domino". Rien que pour la nuit de jeudi à vendredi, la ville a pris en charge et relogé 359 personnes.
- "Psychose" -
Pour prêter main forte à la municipalité, "le gouvernement a décidé d'envoyer un certain nombre d'experts" de Paris, qui viendront épauler les spécialistes marseillais pour auditer les bâtiments dont les plus proches de la catastrophe, a déclaré le préfet de région Pierre Dartout, lors d'une conférence de presse.
"Nous aurons des conclusions dans les jours qui viennent pour savoir si d'autres déconstructions doivent être envisagées", a-t-il ajouté, ou si les habitants pourront réintégrer ces bâtiments parfois construits au XIXe siècle, en bois et en ciment, et qui s'appuient les uns sur les autres.
Plus largement, ces experts détachés notamment du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) vont aider à réaliser un audit sur les logements dans la ville, qu'a promis le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner.
Un travail imposant: les autorités doivent faire le tri entre les multiples bâtiments vétustes et insalubres, et identifier ceux qui sont réellement dangereux. Les expertises, très techniques, peuvent durer une dizaine de jours pour un seul bâtiment, a expliqué une source proche du dossier à l'AFP.
Car dans la cité phocéenne, une forme de "psychose" s'est installée, a reconnu le maire LR Jean-Claude Gaudin, lors de la même conférence de presse: chacun scrute les façades les plus abîmées de cette ville qui ne manque pas de logements vétustes. Au total, 130 signalements sont remontés à la municipalité et "21 arrêtés de péril" ont été pris, en urgence, depuis lundi. En tout, 200 bâtiments sont frappés d'un arrêté de péril à Marseille, dont certains depuis deux ans, selon la même source proche du dossier.
"Dans l'immensité de la deuxième ville de France, avec 860.000 habitants, il en reste beaucoup à faire", a reconnu M. Gaudin, qui déplore la lenteur des procédures pour intervenir sur des propriétés privées. Aux manettes de la ville depuis 22 ans, le maire est accusé par les habitants du quartier, et son opposition, de ne pas avoir su résoudre le problème de l'habitat insalubre ou vétuste, ce dont il se défend vertement.
Devant la préfecture où se tenait la conférence de presse vendredi, une trentaine de personnes scandaient "Gaudin assassin!".
Une marche blanche, en présence notamment du député du secteur et chef de file des Insoumis Jean-Luc Mélenchon, doit avoir lieu samedi après-midi entre le quartier Noailles et le Vieux-Port.
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