Enseignant juif agressé à Marseille : "il voulait me décapiter"
L'enseignant juif agressé à la machette lundi 11 à Marseille par un lycéen "ne pensai(t) pas (s)'en sortir vivant", a-t-il déclaré à La Provence, évoquant "la haine (...) vue dans les yeux de (son) agresseur".
"Je lui disais d'arrêter de me frapper mais il continuait et je ne pensais pas m'en sortir vivant", a déclaré l'enseignant, prénommé Benjamin, interrogé lundi soir par téléphone par La Provence. "Honnêtement, je ne sais pas comment je vais me relever de cette terrible agression", a ajouté le professeur, qui a reconnu "devoir réfléchir" à l'éventualité de cesser de porter la kippa et déclaré ne ressentir "aucune colère, mais de la peur et de l'appréhension quant à l'avenir".
L'avocat de cet enseignant de 35 ans, Me Fabrice Labi, a pour sa part rapporté mardi à l'AFP que son client lui avait dit: "J'ai eu le sentiment qu'il voulait me décapiter, mais la machette était souple, il n'y avait pas de prises, et j'étais protégé par le blouson que je portais". La lame de la machette était émoussée, ce qui a pu limiter l'ampleur des blessures, a précisé lundi le procureur de Marseille Brice Robin.
Selon le témoignage du professeur, son agresseur visait spécifiquement sa tête avec sa machette, a poursuivi Me Labi. L'enseignant a décrit à son conseil la "déferlante de coups" et le "passage à tabac" qu'il a subis. Il s'est notamment protégé avec la Torah qu'il portait sur lui, a ajouté son avocat, confirmant une information déjà donnée par le procureur Brice Robin. "Il a besoin aujourd'hui d'un peu de recul et de se retrouver en famille", a jugé son avocat, évoquant un "traumatisme psychologique qu'on peut aisément comprendre".
L'enseignant a été hospitalisé lundi au cours de la journée, mais a pu retourner chez lui dans la soirée. "Ses blessures sont plus importantes qu'on a pu le croire dans un premier temps", a poursuivi Me Labi, évoquant notamment des "craintes" quant à ses fonctions rénales en raison de coups reçus aux reins.
Le professeur, qui portait la kippa, a été "entendu pendant les premières heures par les enquêteurs, mais, de manière très surprenante, plus du tout depuis", a encore souligné son avocat. "Il s'est ensuite retrouvé parachuté dans le +monde réel+ sans suivi psychologique, c'est quelque chose qu'on peut regretter", a-t-il conclu.
L'agresseur de cet enseignant, un lycéen turc d'origine kurde qui aura 16 ans dans les prochains jours, inconnu des services de renseignement, a affirmé lors de son interpellation avoir agi "au nom d'Allah" et du groupe État islamique. Une enquête a été ouverte à Marseille "des chefs de tentative d'assassinat aggravé en raison d'une appartenance religieuse" et "apologie du terrorisme". Le parquet antiterroriste de Paris s'est ensuite saisi de l'enquête lundi soir.
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