Explosion du live streaming pédopornographique. Un Français arrêté.
Un individu, soupçonné d’avoir commandé des viols d’enfants et d'avoir visionné ceux-ci en direct sur Internet, a été mis en examen et placé en détention provisoire le 10 novembre dernier. Cette pratique dite du "live streaming" pédopornographique, déjà en fort développement depuis quelques années, a explosé durant la crise Covid.
Un homme de 31 ans a été mis en examen et placé en détention provisoire le 10 novembre dernier pour avoir acheté de nombreuses séances de live streaming pédopornographiques, nous apprennent nos confrères de RTL. Le live streaming consiste à visionner en direct sur internet des viols et/ou des tortures d’enfants, préalablement commandés par le "spectateur" qui peut demander les scénarios qu’il souhaite.
En l’occurrence, le mis en examen est suspecté d’avoir dépensé environ 40 000 euros pour s’offrir de très nombreuses séances de viols d’enfants commandées aux Philippines entre 2017 et 2022.
Neuf mois d'enquête de l'OCRVP et de l'OFMIN
D’après les informations recueillies par RTL, l’identification et l’arrestation de l’individu, inconnu des services de police, ont demandé neuf mois d’enquête aux limiers de l’OCRVP (Office central pour la répression des violences aux personnes) et de l'OFMIN (Office des mineurs, récemment créé). Le suspect, poursuivi pour "complicité de viol sur mineur de moins 15 ans par instigation" et "complicité de traite d’être humain à l’égard d’un mineur par instigation", encourt 20 ans de prison.
Cette pratique du live streaming pédopornographique n’est pas nouvelle puisque l’opération policière dite "opération Cathedral" en révélait déjà l’existence dès la fin des années 1990. Le 2 décembre 1998, 1 500 agents de 13 pays, dont la France, coordonnaient l’arrestation de 104 individus dans lesdits pays. Les prédateurs, membres d’une organisation très structurée nommée "The Wonderland Club", regardaient en direct, et enregistraient, des viols et des tortures d’enfants, dont certains étaient des nourrissons âgés de deux mois. Les criminels diffusaient ensuite les images. L’adhésion à ce "club" fonctionnait par cooptation et le nouveau membre devait fournir, en guise de droit d’entrée, au moins 10 000 images pédopornographiques originales.
Cependant, le phénomène a connu un développement inquiétant, comme le révélait France-Soir dès 2019. Cette forme particulière de trafic d’enfants s’est d’abord fortement développée aux Philippines, "leader" de ce sinistre marché, il y a une dizaine d’années, puis s’est étendue à d’autres pays sous-développés ou en voie de développement et à la Roumanie.
Coopération internationale difficile à obtenir
Des séances de viols ou de tortures d’enfants coûtent en moyenne 50 euros, ce qui représente une somme très importante, permettant de se nourrir pendant un mois ou deux dans certaines contrées.
Et le phénomène a explosé durant la crise du Covid, alors que la fermeture des frontières freinait considérablement le tourisme, y compris sexuel.
Dans un autre article, RTL nous apprend qu’en France, on estime que 250 à 300 pédocriminels consomment du live streaming pédopornographique, et que le nombre de dossiers ouverts concernant cette criminalité seraient passés de 6 en 2020 à 27 durant le premier semestre 2022.
Les spectateurs de viols et de tortures d’enfants en direct sont très majoritairement des hommes, et quand les femmes sont impliquées, il s’agit de visionnages en couple.
En 2021, un Français de 51 ans a été condamné à six ans de prison ferme pour complicité d’agression sexuelle sur mineurs de 15 ans, pour avoir commandé puis regardé des viols d’enfants en direct sur internet. L’homme avait déjà été arrêté deux fois pour détention et diffusion de documents pédopornographiques, et c’est sa propension à garder les images qui a permis de l’identifier comme live streamer de pédopornographie.
Une lutte très efficace contre cette criminalité exigerait une coopération internationale soutenue, difficile à obtenir de certains pays, et des moyens très importants pour nos services spécialisés. Déjà, à l’époque de l’opération Cathedral, les criminels usaient de logiciels de cryptage sophistiqués et usaient de stratégies ingénieuses pour échapper à la justice de leurs pays. Par ailleurs, malgré les efforts déployés par les services de police, seules 17 victimes ont pu être identifiées sur plus de 1200 reconnaissables sur les images saisies.
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