Frères Kouachi : le témoignage du gendarme qui a blessé l'un des deux terroristes au cou
"On est descendu de la voiture et on s’est approché. Puis j’ai vu un homme sortir du bâtiment avec une kalachnikov". Europe-1 a recueilli le témoignage des deux premiers gendarmes à être intervenus sur les lieux de la prise d'otage de Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne). Très simplement, les deux équipiers racontent leur face-à-face avec l'un des deux terroristes, Saïd Kouachi.
8h30, vendredi 9 janvier. La patrouille, l'une des 28 qui quadrillent la Seine-et-Marne, reçoit un appel pour signaler le vol d'une Peugeot-206 à Nanteuil-le-Haudouin. En chemin, les deux gendarmes, un chef de patrouille de 45 ans et sa collègue de 28 ans, sont informés que le gérant de la société située dans la zone d'activité des Près-Boucher est retenu dans ses locaux par les deux frères Kouachi.
Ils sont les premiers sur place. "Arrivés à même pas un kilomètre, on coupe tout (gyrophare et sirène, NDLR), pour arriver discrètement", explique le chef de patrouille. "Lorsque on arrive, on aperçoit le véhicule des auteurs, stationné à l'intérieur du parking de la société. Personne à l'intérieur. J'aperçois à travers la baie vitrée un individu qui nous fait des gestes", détaille-t-il.
"On est descendu de la voiture et on s’est approché. Puis j’ai vu un homme sortir du bâtiment avec une kalachnikov (…). Pendant dix secondes il a fait feu sur notre véhicule", raconte le gendarme. Trois balles touchent leur voiture, au niveau de la portière passager avant.
Réfugiés contre un mur de la société avec son équipière, à quelques mètres seulement du terroriste, le chef de patrouille explique que le tireur ne l'a "pas vu au départ" et qu'il le tenait en joue avec son arme de service. "Quand il m'a vu il a crié +Allahou Akbar+ et il s'est tourné avec sa kalachnikov. J'ai attendu le moment opportun pour le neutraliser. Je l'ai touché et il est tombé au sol".
Un moment qui, de l'aveu même du militaire, lui a paru une éternité. "Il a abattu 12 personnes, il a abattu un policier de sang-froid. Images que j'ai vues et qui m'ont marqué (…). J'étais en mesure de lui faire la même chose mais (je suis) obligé de faire mon métier en respectant toutes les règles"...
La suite est désormais connue: Saïd Kouachi parvient à regagner le bâtiment, légèrement blessé. Les deux gendarmes sécurisent immédiatement le périmètre grâce à leurs collègues arrivés rapidement, mais après la fusillade, sur les lieux. Le GIGN les rejoint. Les frères Kouachi resteront retranchés près de huit heures avant que l'assaut au cours duquel ils sont abattus ne soit donné.
(Voir ci-dessous la vidéo du témoignage des deux gendarmes, sur Europe-1):
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