L'assaillant du Louvre, Abdallah El-Hamahmy, nie avoir prêté allégeance à l'Etat islamique
Abdallah El-Hamahmy, l'auteur présumé de l'attaque au Carrousel du Louvre à Paris, a affirmé lundi 6 avoir voulu mener une action symbolique, sans être téléguidé par le groupe Etat islamique (EI), mais les enquêteurs le soupçonnent d'être proche des thèses de l'organisation djihadiste. L'Egyptien de 29 ans a été formellement identifié comme Abdallah El-Hamahmy, ont indiqué mercredi 8 des sources proches de l'enquête.
Il a expliqué lundi avoir "agi de son plein gré", "sans avoir été commandité par le groupe Etat islamique" lorsqu'il a pénétré dans le Carrousel du Louvre pour, selon lui, mener une action symbolique contre la France, qui était de dégrader des oeuvres du musée avec les bombes de peinture retrouvées dans son sac à dos, selon une autre source proche de l'enquête.
Une version en contradiction avec son arrivée sur les lieux vendredi matin, lorsqu'une machette dans chaque main, il a foncé vers des militaires en patrouille en criant "Allah Akbar". Aux yeux des enquêteurs, ses déclarations faites lundi en garde à vue montrent au contraire qu'"il assume une certaine adhésion aux thèses de l'EI", selon la source.
Le suspect a affirmé vouloir "s'attaquer à un symbole de la France en réaction aux frappes de la coalition internationale qui touchent +les frères en Syrie+". D'après ses dires, il ne comptait pas s'en prendre aux militaires, présentant les machettes comme des "armes de dissuasion" contre ceux qui l'empêcheraient d'accomplir son action.
Après avoir refusé de s'exprimer, l'homme, grièvement blessé au ventre par des tirs de riposte des militaires lors de son attaque dans la galerie marchande, avait commencé à parler aux enquêteurs lundi lors d'une troisième audition, à l'hôpital Georges-Pompidou à Paris, où il est soigné.
Mais depuis, son état de santé s'est fortement dégradé, rendant impossible la poursuite des auditions et de sa garde à vue qui a été levée mardi. Lorsque son état le permettra, le suspect sera présenté à un juge d'instruction qui pourra l'interroger à nouveau avant une éventuelle mise à examen. Le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire pour tentatives d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs terroriste criminelle.
Les enquêteurs cherchent à comprendre le parcours et les motivations de ce jeune homme diplômé en droit et cadre commercial dans une entreprise aux Emirats arabes unis (EAU). Pourquoi s'est-il rendu en Turquie en 2015 et 2016 ? A-t-il bénéficié de complicités?
Il était légalement entré comme touriste en France le 26 janvier en provenance de Dubaï, avant de séjourner dans une location à la semaine proche des Champs-Elysées. Un voyage préparé de longue date: l'appartement, réglé 1.700 euros, avait été réservé en ligne en juin, bien avant la demande de visa touristique déposée fin octobre. Autre élément qui intrigue les enquêteurs: une voiture qu'il a louée à Paris et qui n'a quasiment pas circulé.
Les images de vidéosurveillance montrent que l'homme était déjà venu au matin du 29 janvier, soit cinq jours avant son attaque avortée, au Carrousel puis dans le musée, où il a suivi une visite guidée, selon une source proche de l'enquête.
Au fil des investigations, les enquêteurs ont aussi découvert qu'il avait envoyé depuis la France deux mandats de 5.000 euros, le 31 janvier et le 1er février à un ami égyptien basé en Pologne, a indiqué la source proche de l'enquête confirmant des informations de BFM et du Figaro.
A ce jour, aucune revendication n'est intervenue pour cette attaque et aucune allégeance à un groupe djihadiste n'a été trouvée lors de la perquisition dans son logement loué à Paris. Mais les enquêteurs ont toutefois retrouvé un de ses tweets reprenant un extrait d'un discours d'Abou Mohammed al-Adnani, l'ex porte-parole du groupe djihadiste EI, tué par une frappe de la coalition antidjihadiste en Syrie.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.