Les plaintes pour viols et agressions sexuelles en hausse
Les plaintes pour viols et agressions sexuelles ont fortement augmenté l'an dernier en France, dans le sillage de l'affaire Weinstein qui a libéré la parole des femmes victimes d'abus, selon les chiffres publiés jeudi par le ministère de l'Intérieur.
Les statistiques du ministère de l'Intérieur montrent une hausse des plaintes pour viols et agressions sexuelles, de respectivement 12% et 10% par rapport à 2016. L'envolée est particulièrement sensible au quatrième trimestre (+31,5%), avec probablement la révélation de faits anciens.
Interrogé jeudi sur Europe 1, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a estimé que cette hausse spectaculaire était la conséquence de "l'effet Weinstein". Jadis tout puissant, le producteur de cinéma hollywoodien Harvey Weinstein a été accusé en octobre par des actrices d'agression sexuelles après des années d'omerta. Aujourd'hui, ce sont plus de 100 actrices et collaboratrices qui l'accusent d'actes allant du harcèlement au viol.
La révélation de ce scandale a provoqué une onde de choc mondiale libérant la parole des femmes victimes d'agressions ou de harcèlement sexuel et une prise de conscience des décideurs publics face à ce phénomène.
"On voit une envolée des plaintes qui ont été déposées. Mais le phénomène avant ces plaintes existait et on avait remarqué une montée des violences intrafamiliales. Avec ou sans affaire Weinstein, on hésite moins à déposer plainte", a nuancé le ministre.
M. Collomb a dit vouloir visiter "dans une quinzaine de jours" avec la secrétaire d'Etat à l'Égalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa, les dispositifs mis en place chez les forces de l'ordre pour favoriser le recueil de ces plaintes et des victimes.
- Coups et blessures en hausse -
Les données du ministère de l'Intérieur qui brossent un tableau de la délinquance et des crimes en France mettent aussi en lumière une hausse (+4%) du nombre de victimes de coups et blessures volontaires sur les personnes âgées de plus de 15 ans.
"Leur niveau approche désormais les 223.000 victimes, un point haut sur 10 ans", souligne la place Beauvau, ajoutant que ce chiffre est probablement sous-évalué.
A l'appui de leur hypothèse, le ministère souligne qu'entre 2014 et 2016, "seulement un quart des victimes de violences physiques exercées par un auteur qui n'appartient pas ou plus à leur ménage ont formellement déposé plainte et 10% pour les victimes dont l'auteur vit au sein du ménage. C'est donc autour d’un million de personnes (hors enfants) qui seraient victimes de violences physiques en France métropolitaine sur un an", selon le service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI).
Dans les autres domaines de la criminalité et de la délinquance, il y a eu l'an dernier 825 victimes d'homicides, après 892 en 2016 et 872 en 2015, deux années marquées par le nombre de victimes tuées lors d'actes terroristes.
Les vols avec arme (-3%) et les vols violents mais commis sans usage d'une arme (-5%) sont en net recul.
Police et gendarmerie ont en revanche noté une hausse des plaintes pour cambriolages (+2%), particulièrement en Bretagne, en Nouvelle-Aquitaine, en PACA et en Corse.
Le ministère de l'Intérieur constate également une "forte augmentation" des escroqueries et infractions assimilées, notamment via internet, avec 320.000 victimes enregistrées l'an dernier.
Ces données statistiques n'offrent qu'une vision partielle des réalités criminelles et délinquantes en France puisqu'elles ne compilent que les faits enregistrés par les forces de l'ordre.
"Je ne ferai pas la politique du chiffre mais celle de la responsabilisation", a commenté jeudi M. Collomb, en évoquant la prochaine expérimentation de la très attendue police de sécurité du quotidien (PSQ). Ce nouveau dispositif, vanté comme une "police sur-mesure", devrait être officiellement lancé le 1er février.
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