Lesbos : relaxe de 5 sauveteurs espagnols et danois jugés pour trafic de migrants

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Par AFP - Mytilène
Publié le 07 mai 2018 - 20:51
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Les pompiers sévillans Manuel Blanco, Jose Enrique Rodriguez et Julio Latorre ont été relaxés le 7 mai 2018 par le tribunal de Mytilène, sur l'île grecque de Lesbos
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© Anthi PAZIANOU / AFP
Les pompiers sévillans Manuel Blanco, Jose Enrique Rodriguez et Julio Latorre ont été relaxés le 7 mai 2018 par le tribunal de Mytilène, sur l'île grecque de Lesbos
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Le tribunal de Mytilène, chef-lieu de Lesbos, a relaxé lundi trois Espagnols et deux Danois accusés d'avoir contribué à l'entrée irrégulière de migrants sur cette île grecque de l'est de la mer Égée où ils participaient à des sauvetages en mer en 2016.

Le juge est allé à l'encontre du réquisitoire du procureur, qui avait requis un verdict de culpabilité pour les cinq.

"Justice a été faite", c'est "une grande victoire pour l'aide humanitaire" a commenté dans un tweet l'ONG Proem-AID à laquelle appartiennent les trois Espagnols, des pompiers de Séville, qui ont bénéficié d'une large campagne de soutien en Espagne et de la part du monde humanitaire.

"Sauver des vies n'est pas un crime" ont lancé en anglais les cinq sauveteurs enlacés à leur sortie de l'audience, qui s'était ouverte dans la matinée, en présence de nombreux sympathisants espagnols, grecs et d'autres pays d'Europe.

"Sur le fond, le dossier contre eux était vide", a commenté l'un des avocats de la défense, Haris Petsikos.

Les deux témoins de l'accusation, des gardes-côtes grecs, ont indiqué que les prévenus ne les avaient pas avertis de leur sortie en mer le jour de leur arrestation, et que leur bateau n'était pas habilité pour des sauvetages, sans davantage d'éléments à charge.

Les Espagnols devaient répondre de tentative d'aide à l'entrée de migrants irréguliers, tandis que leurs compagnons danois étaient accusés de trafic de migrants, une charge passible de prison ferme.

- "Ne pas criminaliser l'aide" -

Perçu comme symbolique pour l'assistance aux migrants et demandeurs d'asile, le procès était suivi par Amnesty International, qui avait demandé dans un communiqué le retrait des charges, dénonçant "l'absurdité de faire comparaître ces bénévoles devant un tribunal".

Parmi les soutiens des Espagnols, des pompiers de Séville venus à la barre en uniforme, figuraient des députés du parlement régional d'Andalousie, Rosa Aguilar, la responsable régionale de la Justice, et des représentants de la ville de Séville.

Tous les prévenus participaient à l'époque de leur arrestation, en janvier 2016, à des sauvetages en mer des exilés affluant depuis les côtes turques proches, les Espagnols comme bénévoles de l'association Proem-AID, les Danois pour Team Humanity.

Des milliers de migrants et réfugiés, pour la plupart Syriens, risquaient alors leur vie pour gagner l'Europe via cette île.

"Ce procès est important car l'assistance humanitaire ne peut pas et ne doit pas être criminalisée", avait déclaré à l'AFP à l'ouverture du procès un des accusés danois, Salam Aldeen.

De nombreux pêcheurs du petit port de Sykaminia, parmi les principaux débarcadères migratoires à l'époque, étaient présents pour le soutenir et témoigner devant la presse de son travail de sauveteur.

- Plus d'un millier de noyades -

Les accusés "ne faisaient qu'aider à sauver des vies", alors qu'à l'époque, les gardes-côtes grecs s'avouaient eux-mêmes débordés et les noyades étaient fréquentes, a aussi relevé pour la presse Me Petsikos.

Les accusés espagnols avaient été reçus début avril par le ministre espagnol des Affaires étrangères Alfonso Dastis. Sur Twitter, le ministre avait ensuite souligné que le trio avait bien mené des tâches de "sauvetage et d'aide humanitaire".

M. Dastis a été parmi les premiers à réagir à la relaxe lundi : "Je suis très heureux" a-t-il souligné dans un tweet, saluant leur "superbe travail humanitaire en Méditerranée".

Selon l'un des pompiers, Manuel Blanco, des gardes-côtes grecs les avaient arrêtés au retour en pleine nuit et dans le froid d'une mission de sauvetage qui avait tourné court, le navire recherché n'ayant pas pu être localisé.

Plus d'un millier d'exilés, dont de nombreux enfants, se sont noyés en 2015 et 2016 dans l'étroit bras de mer séparant les côtes turques des îles égéennes, une route migratoire empruntée à l'époque par près d'un million de personnes.

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