Marche républicaine : près de 4 millions de Français dans les rues en hommage aux victimes du terrorisme
La journée était annoncée comme historique. Historique, ce dimanche 11 janvier 2015 l'a été.
Historique, l'image de François Hollande aux côtés de plus de cinquante chefs d'Etat et de gouvernement du monde entier. Historique, cette foule de Français, un raz-de-marée républicain qui a crié, dans un silence assourdissant, son amour de la liberté dans les rues de la capitale et partout dans le pays. Historique, cette ambiance paisible, malgré une affluence sans précédent, qui a animé les cortèges citoyens, comme pour mieux répondre à la violence des terroristes, des assassins.
11 janvier 2015. Une date qui restera dans l'Histoire de France. Alors que le rendez-vous pour le départ de la grand marche citoyenne de Paris est fixé à 15h, les Français, impatients, affluent bien plus tôt place de la République. Dès le tout début d'après-midi, les lieux sont noirs de monde. Le cortège est même obligé de s'ébranler plus tôt que prévu pour faire de la place à ceux qui affluent sans cesse. Tout le monde veut participer, dire "non" à ceux qui ont voulu faire taire la liberté d’expression sous les balles des kalachnikovs. Ceux qui ont tué des journalistes parce qu'ils étaient journalistes, des policiers parce qu'ils étaient policiers, des juifs parce qu'ils étaient juifs.
Dans les cortèges, pas de slogans, ni de sonos. Mais des stylos et des crayons brandis, des fleurs et des bougies, et des dizaines de milliers de pancartes: "Je suis Charlie", "Je suis policier", "Je suis juif". La foule pourrait presque paraître silencieuse. Il n'en est rien: aux applaudissements qui éclatent par vagues répondent les Marseillaise s'élevant de centaines de milliers de gorges, le tout entrecoupé de moments de recueillement de ceux qui défilent tout autant pour rendre hommage aux victimes que pour défendre la liberté.
Et le monde ne s'y est pas trompé. Au-delà des rassemblements, nombreux, qui ont eu lieu partout à travers la planète, les représentants du monde entier ont répondu présent à l'appel de François Hollande et défilé à ses côtés ce dimanche. La chancelière allemande Angela Merkel, le Premier ministre britannique David Cameron, le président du Conseil italien Matteo Renzi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, le président palestinien Mahmoud Abbas, le président du Mali Ibrahim Boubacar Keïta... la liste est trop longue pour être exhaustive. Au-delà de l'Europe, c'est bien le monde entier qui est à Paris, "capitale mondiale" d'un jour selon l'expression employée par François Hollande.
Après trois jours d'horreur et d'attentats sanglants, de mercredi 7 à vendredi 9, et bien que les forces de l'ordre aient stoppé les trois terroristes, certains redoutaient une attaque contre les marches citoyennes de ce dimanche. Pour faire face à la menace, le déploiement policier a lui aussi été sans précédent. Des milliers de policiers, gendarmes et soldats étaient déployés pour parer à toute éventualité et sécuriser le défilé, éviter les débordements.
Il n'en a rien été et tout s'est passé dans le calme. Une ambiance apaisée, presque surréaliste tant la mobilisation était impressionnante et qui a conduit certains observateurs à évoquer une atmosphère de "balade républicaine". Hommes, femmes, enfants, jeunes et vieux, origines et religions confondues, mélange de recueillement et de festivité --comme quand on rit et qu'on s'embrasse après les enterrements, quand les larmes et les rires s'entremêlent.
Après avoir enflé tout au long de la journée, le chiffre officiel est tombé en fin de journée: au moins 3,7 millions de Français, du jamais vu, se sont mobilisés partout dans le pays ce dimanche, selon les décomptes du ministère de l'Intérieur. A Paris, bien sûr, où ils étaient près de 2 millions, peut-être même plus, mais aussi à Lille, Lyon, Marseille, Bordeaux... Là encore, la liste est trop longue.
Ce dimanche soir, il a fallu attendre près de 21h à Paris, malgré le froid et la nuit, pour que la foule commence à se disperser. Beaucoup ont voulu jouer les prolongations de cette journée historique sur la place de la République. Rassemblés, unis, serrés, comme pour se tenir chaud, au pied de la grande statue qui trône au centre de la place: une femme symbolisant la République. Tout un symbole.
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