Mediator : les laboratoires Servier devant la justice civile
Le procès du Mediator va enfin avoir lieu devant la justice civile. Les laboratoires Servier, fabricant du fameux médicament, se retrouvent à partir de ce jeudi devant le tribunal de grande instance de Nanterre (Hauts-de-Seine). Cela, huit ans après que les premiers dysfonctionnements ont été relevés par un médecin, et six ans après l'interdiction du Mediator par l’Agence du médicament (Afssaps à l’époque, devenue ANSM).
Le Tribunal doit étudier les demandes en indemnisation de deux personnes pour les séquelles que leur aurait causées le médicament. Seulement deux plaignants mais une décision qui pourrait faire jurisprudence et donc s'appliquer aux milliers de victimes du Mediator. Une soixantaine d'autres dossiers de patients attendent d'être examinés, rien qu'au Tribunal de Nanterre.
Mais cette attente risque d'être encore longue. En effet, le TGI devra tout d'abord trancher sur la défectuosité du médicament, la réalité des pathologies des patients, et le lien de cause à effet. Mais surtout, il ne s'agit que d'un jugement en première instance. En cas de décision défavorable aux laboratoires Servier, il ne fait guère de doute que tous les moyens de recours possible seraient utilisés.
Déjà en août dernier, une trentaine de médecins et personnalités avaient publié un manifeste dans lequel ils reprochaient aux laboratoires Servier de s'être lancés dans une "guérilla judiciaire", afin de "retarder l'indemnisation des victimes". Bien que la dangerosité du Mediator, à l'origine de 2.100 décès selon une expertise judiciaire, ait été mise en évidence, aucune victime n'a encore été définitivement indemnisée.
Le Mediator a été commercialisé en 1976 pour traiter l'excès de graisse dans le sang, puis à destination des diabétiques en surpoids et enfin utilisé comme coupe-faim. Son principe actif, le benfluorex, serait à l'origine de nombreux cas de valvulopathie (défaillance des valves cardiaques). Pour les avocats des plaignants, les laboratoires Servier avaient connaissance de cette dangerosité dès 1993.
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