Migrants et réfugiés : dans les Cévennes une tradition d'hospitalité et d'accueil

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 08 novembre 2016 - 14:44
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Des migrants accueillies en Allemagne le 6 septembre 2015.
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Dans les Cévennes, l'accueil de migrants perpétue une tradition d'hospitalité remontant au XVIe siècle.
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Alors que de nombreuses municipalités de France font part de leur refus d'accueillir des migrants et des réfugiés, les communes des Cévennes, forgées par une longue tradition d'hospitalité remontant au XVIe siècle, leur ouvrent leurs bras.

Dans les Cévennes, l'accueil de migrants perpétue une tradition d'hospitalité remontant au XVIe siècle, dans cette montagne-refuge qui protégea des protestants pendant les guerres de religion, des républicains espagnols, ou encore des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.

"Le parcours de vie des migrants actuels entre en résonance avec l'histoire cévenole", souligne Philippe Castanon, maire (SE) de Monoblet (Gard), dont le père est venu des Asturies. "Ici dans la plupart des familles, il y a des réfugiés ou des migrants sur l'arbre généalogique, notamment des républicains espagnols ayant fui la guerre civile" (1936-39), explique l'élu dont la commune accueille depuis la semaine dernière une vingtaine de migrants mineurs de Calais, en majorité des Afghans.

"La tradition d'accueil est ancrée en terre cévenole, où des protestants ont trouvé refuge dans les reliefs pendant les guerres de religion et après la révocation de l'Edit de Nantes (en 1685), mais aussi plus tard des réfugiés espagnols de la Guerre civile ou encore des juifs français et étrangers et des militants antinazis pendant la Seconde Guerre mondiale", rappelle le pasteur Caroline Cousinié, de l'Eglise protestante unie, qui officie notamment dans la zone de Monoblet. "Nous sommes porteurs de cette histoire et devons la faire vivre".

Caroline Cousinié a ainsi mis à disposition le presbytère de Quissac (Gard), qu'elle n'occupait pas. "Un collectif hors églises s'est mobilisé et nous accueillons depuis quelques semaines une famille syrienne de cinq personnes originaires de Raqqa", se réjouit-elle. En septembre, l'Assemblée annuelle du désert, un culte protestant en plein air à Mialet (Gard), avait prêché l'accueil de migrants, en établissant un parallèle entre leur souffrance et celle des "réfugiés protestants de la révocation".

Dans de multiples points des Cévennes, des collectifs souvent laïcs se sont crées avec pour objectif l'accueil de migrants, notamment à Lasalle (Gard), où une famille afghane de sept personnes est accueillie. Ou encore à Saint-Jean-du-Gard, où l'association Abraham Mazel, du nom d'une figure des Camisards, protestants en révolte à la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe, souhaitait depuis plusieurs mois "faire vivre l'esprit de résistance et d'accueil des Cévennes". Une famille tchétchène de six personnes y est arrivée depuis peu.

Des maires cévenols se sont également clairement prononcés en faveur de l'accueil de migrants, comme Eric Doulcier (SE) au Vigan (Gard), qui dès l'été 2015 a estimé qu'une telle politique était "digne" de l'histoire des Cévennes. Ou Michel Nouvel (DVG) qui mise sur la présence d'un Centre d'accueil de demandeurs d'asile (CADA) pour dynamiser son village de Chambon-le-Château (Lozère, environ 300 habitants), qui a accueilli en 2015, 160 personnes originaires d'Ukraine, du Kosovo, d'Algérie et du Soudan.

Même Michel Issert, maire (SE) de Saint-Bauzille-de-Putois (Hérault), a mis récemment en avant le fait que sa commune était une "terre d'accueil", même s'il jugeait "disproportionnée" l'arrivée prévue de 87 migrants de Calais - un nombre depuis revu à 43.

Car en Cévennes, souligne M. Castanon, "par indépendance d'esprit comme par souci d'un accueil de qualité, on préfère une hospitalité choisie et réfléchie à des dispositifs imposés par le gouvernement dans l'urgence". Caroline Cousinié parle également d'une volonté de mettre en place un accueil "accompagné et raisonné".

Pour cette raison, lorsque les autorités préfectorales lui ont annoncé la création d'un "Centre d'accueil et d'orientation" (CAO) sur sa commune de 700 habitants début 2016, le maire de Monoblet a plaidé pour l'accueil de familles: le lieu choisi, les Amariniers, est très isolé, situé à 6km du coeur du village, dans une zone téléphonique blanche.

"On a l'air un peu couillons", commente-t-il aujourd'hui, après l'arrivée de ces migrants --pour l'essentiel des mineurs jeunes et seuls. Mais ce maire, également directeur d'école et instituteur, s'inquiète surtout qu'ils soient hébergés dans un lieu aussi coupé du monde. "Qu'avons-nous à leur proposer ici?", s'interroge-t-il. "Pourquoi resteraient-ils? Pour manger des châtaignes grillées?".

 

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