Nice : un enseignant-chercheur qui venait en aide aux migrants relaxé par le tribunal

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 06 janvier 2017 - 13:09
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Six mois de prison avec sursis avaient été requis.
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Le tribunal correctionnel de Nice a estimé que l'aide qu'apportait Pierre-Alain Mannoni à des migrants servait à "préserver leur dignité" et n'était par conséquent pas condamnable.

"Aujourd'hui en France (...) on a le droit de sauver des gens qui sont dans la détresse", s'est réjoui vendredi 6 Pierre-Alain Mannoni: poursuivi pour avoir convoyé des Erythréennes venues d'Italie, l'enseignant-chercheur du CNRS a été relaxé par le tribunal correctionnel de Nice.

A l'audience fin novembre, réclamant un "sévère avertissement", le procureur de la République de Nice Jean-Michel Prêtre avait requis six mois de prison avec sursis à l'encontre de M. Mannoni: "On peut porter secours, c'est un devoir, mais pas aider au séjour et à la circulation" d'étrangers en situation irrégulière, avait mis en garde le magistrat.

Le tribunal correctionnel a jugé que le chercheur à l'université de Nice Sophia Antipolis, en convoyant trois jeunes Erythréennes, avait agi "pour préserver leur dignité", a déclaré vendredi la présidente. La loi prévoit, depuis 2012, l'immunité pour les passeurs qui ne sont pas rétribués et qui agissent si la vie des personnes recueillies est jugée en péril.

"Aujourd'hui en France, sachez-le, on a le droit d'héberger, on a le droit de nourrir, on a le droit de sauver des gens qui sont dans la détresse, on a le droit de les transporter chez soi lorsque les conditions sont nécessaires pour préserver leur dignité et leur intégrité physique", a réagi à sa sortie du palais de justice Pierre-Alain Mannoni: "Vous pouvez aider les gens, et je vous le recommande, ça fait beaucoup de bien!"

Cet enseignant-chercheur de 45 ans avait été interpellé le 18 octobre à un péage d'autoroute près de Menton avec, dans sa voiture, trois Erythréennes dont une mineure, qu'il emmenait à son domicile pour les héberger. Il était poursuivi pour aide au séjour et aide au transport d'étrangers en situation irrégulière.

"Le tribunal a reconnu que j'avais agi pour préserver leur dignité et ça, ce n'est pas condamnable, c'est ça qui est important", a encore déclaré Pierre-Alain Mannoni. "C'est une grande victoire pour les gens qui aident et aussi pour tous les gens qui ont besoin d'être aidés".

"On a entériné effectivement la solidarité et la nécessité de savoir faire preuve d'humanité lorsque des personnes sont dans une situation de danger, dès lors qu'il peut être porté atteinte à leur dignité", a commenté son avocate, Maeva Binimelis.

Membre de l'Association pour la démocratie à Nice, Théresa Maffeis, a de son côté salué une décision apportant "beaucoup de baume au coeur pour la vallée de la Roya qui s'est battue très justement et qui a essayé, elle aussi, de protéger tous ces gens, et pour tous les autres qui vont passer dans les procès prochainement". "Ca donne quand même un petit peu d'espérance dans l'humanité", a estimé la militante associative.

Depuis 2015, de nombreux habitants de la vallée de la Roya (Alpes-Maritimes) viennent en aide aux migrants, souvent des Africains fuyant des pays instables et des régimes totalitaires.

Un collectif de soutien aux migrants, baptisé Roya Citoyenne, s'est mis en place dans la vallée, et l'un de ses membres les plus impliqués, l'agriculteur Cédric Herrou, a lui aussi comparu mercredi devant le tribunal correctionnel de Nice, dans un autre dossier d'aide aux migrants.

M. Prêtre a requis huit mois de prison avec sursis contre M. Herrou, poursuivi pour avoir installé en octobre 2016 sans autorisation une cinquantaine d'Erythréens dans un centre de vacances SNCF désaffecté à Saint-Dalmas-de-Tende (Alpes-Maritimes).

Ce centre, dont la mise en place avait été dénoncée immédiatement par les élus locaux, dont le président LR du conseil départemental Eric Ciotti et le président LR de la région Paca Christian Estrosi, avait été évacué par les forces de l'ordre au bout de trois jours.

Début décembre, la cour d'appel d'Aix-en-Provence a par ailleurs confirmé l'amende de 1.500 euros infligée à Claire Marsol, une universitaire de 73 ans à la retraite, militante de l'association Habitat et citoyenneté, pour avoir emmené deux Érythréens en voiture pour les soustraire à un contrôle policier.

 

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