Oussama Ben Laden : un journaliste américain remet en cause la version officielle de sa mort
Et si l'ancien leader d'Al-Qaïda n'était pas mort dans les conditions annoncées par l'administration américaine? Le journaliste américain lauréat du prix Pullitzer, Seymour Hersh, estime que la version de la Maison-Blanche "aurait pu être écrite par Lewis Carroll".
Dans un extrait de son enquête à paraître le 21 mai dans la London Review of Book, il contredit non seulement la façon dont la CIA a localisé Oussama Ben Laden, mais aussi le déroulement du raid des Navy Seals (forces spéciales) du 2 mai 2011 dans lequel il a été tué.
Selon Seymour Hersh, la localisation de la cache de Ben Laden à Abottabad (nord du Pakistan) a été révélée aux américains par un agent des services secrets pakistanais (qui aurait livré l’information en échange d’une partie des 25 millions de dollars de récompense promis par les Etats-Unis à qui aiderait à capturer le leader terroriste), le très controversé ISI, et non par des informations obtenues par la CIA. De plus, le fondateur d'Al-Qaïda ne vivait pas caché mais aurait en fait été prisonnier de l'ISI depuis 2006.
Le journaliste explique également qu'Oussama Ben Laden aurait été abattu sans qu'il ne se défende: "à part ceux qui ont tué Ben Laden, aucun autre coup de feu n’a été tiré". Contredisant ainsi la version de la Maison-Blanche qui a toujours assuré que Ben Laden aurait été capturé vivant s’il s’était rendu, tout comme elle a maintenu que les soldats américains s’étaient défendus dans le cadre d’un échange de coups de feu.
Le cadavre du terroriste n'aurait pas non plus été jeté à la mer mais largué par hélicoptère, "en plusieurs parties", au-dessus des montages de l'Hindou Kouch au nord du Pakistan.
Et le journaliste de conclure: "le mensonge au plus haut niveau reste le modus operandi de la politique américaine, ainsi que les prisons secrètes, les frappes de drones, les raids nocturnes des forces spéciales, le tout en passant allègrement au-dessus de la chaîne de commandement et en court-circuitant ceux qui auraient pu dire non".
Seymour Hersh s'est distingué par le passé pour ses révélations sur le massacre de centaines de civils par des soldats américains à My Lai pendant la guerre du Vietnam ou encore le scandale de la prison d'Abou Ghraïb en Irak, mais les controverses qui ont entouré plusieurs de ses articles récents ont terni son image aux États-Unis. Il avait notamment imputé, contre toute évidence, aux rebelles syriens la responsabilité d’une série d’attaques chimiques au sarin à la Ghouta, dans la banlieue de Damas, qui ont tué 1.500 personnes le 21 août 2013.
Lundi 11 mai, la Maison-Blanche a jugé ses accusations "sans fondements".
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