Paris 13e : une fête clandestine réunit 300 personnes en toute impunité (vidéo)
Ils avaient besoin de laisser leur corps exulter sur le dancefloor, de lâcher prise le temps d'une nuit après un mois de confinement et près de trois saisons d’angoisse liée à la pandémie de Covid. Samedi soir, dans le XIIIe arrondissement de Paris, 300 personnes étaient réunies dans les entrailles d’une voie ferrée désaffectée. Une journaliste de l’AFP a vécu cette soirée tout à fait illégale et risquée de l’intérieur et raconte.
L’adresse de cette soirée baptisée « I want to break free » a été communiquée par email, au dernier moment. A condition d’avoir réservé un billet d’entrée (vendu 15€), on pouvait se présenter sur les lieux « seul ou en tout petit groupe » et en toute discrétion, entre 20h et 21h. Après avoir franchi un portail gardé et marché longuement, dans le noir, le long des rails, les fêtards clandestins se sont retrouvés dans une « cathédrale de béton » décorée de guirlandes lumineuses, de néons et de dessins psychédéliques projetés au plafond. Un espace avec coin bar, dancefloor et scène pour les DJ qui se sont succédé jusqu’à l’aube.
Combler un "manque terrible"
Au son de la musique techno, « des centaines de personnes en transe piétinent le sol poussiéreux ou discutent, boivent ou flirtent dans les coins ». Oubliés les gestes barrières pour cette soirée, explique l’organisateur de cette soirée clandestine : « On a décidé d’entrer en résistance et de lance cet appel à se cacher ensemble pour faire la fête car les jeunes n’ont plus aucun espace pour exister ensemble, ils vivent dans un manque terrible, on essaye de continuer à leur apporter ça, malgré les risques. »
Une population hétéroclite
Fondateur d’un collectif spécialisé dans les soirées clandestines et l’urbex (ou exploration des friches industrielles et lieux abandonnés), Alexandre* n’en est pas à son coup d’essai : « On a ce savoir-faire maintenant. On peut, en moins de deux heures, s’installer n’importe où et monter une soirée très discrète comme celle-là ». Ce soir-là, la police n’est pas intervenue et une population parisienne hétéroclite a dansé jusqu’à l’aube : étudiants, quadragénaires, « modeux », militants de gauche ou des milieux LGBT et quelques jeunes de banlieue, se sont partagés le dancefloor sans être dérangés, précise l’AFP. Contacté au lendemain de la soirée, la police précise qu’elle intervient généralement « sur les fêtes clandestines lorsqu’elle est requise par les voisins, notamment pour du tapage. Il n’y a pas eu d’intervention à cette adresse ».
La police n'est pas intervenue mais le maire du XIIIe arrondissement réagit
Réagissant à la diffusion de vidéos de cette soirée clandestine, le maire du XIIIe arrondissement de Paris Jérôme Coumet a vivement réagi ce lundi matin sur BFMTV, dénonçant « un rassemblement grave, pas responsable (…) Une façon de remettre de l’essence dans le moteur de l’épidémie ».
La soirée ne s’était pas aussi bien terminée le week-end précédent, dans une maison avec piscine de Joinville-le-Pont : une soirée réunissant 300 personnes s’était soldée par deux mises en examen.
En théorie, les organisateurs de ce type de soirées encourent jusqu’à 1 an de prison.
*Le prénom a été modifié
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