Procès du cardinal Barbarin : à l'origine, une vaste et longue affaire de pédophilie
Le cardinal Philippe Barbarin sera jugé du 4 au 6 avril pour non-dénonciation d'agressions sexuelles sur mineurs. Le pendant d'une affaire de pédophilie qui a entaché l'image l'Eglise de France et l'a conduite à prendre de nouvelles mesures. Le cardinal est en effet poursuivi par l'association La Parole libérée pour ne pas avoir dévoilé les agissements du père Preynat.
Le prêtre qui encadrait notamment des scouts lyonnais est soupçonné d'avoir abusé quelque 70 victimes depuis les années 1970. Ce n'est qu'en 1991 que l'un des enfants parlera. L'affaire s'était alors réglée par échanges de courriers entre la famille, le prêtre et le cardinal de Lyon d'alors, Albert Decourtray qui avait pris une mesure d'éloignement.
Mais le prêtre restera au contact de mineurs. Sidéré d'apprendre cet état de fait, une victime désormais quadragénaire avait parlé de son cas en juillet 2014 à Mgr Barbarin, entre-temps nommé à la tête du diocèse. Dix mois plus tard, le père Preynat sera relevé de ses fonctions.
De nombreuses victimes sont depuis sorties du silence, mais le prêtre n'est concerné que par quatre plaintes pour agressions sexuelles survenues entre 1986 et 1991, les autres étant éteintes. La prescription en matière d'agression sexuelle sur mineurs par une personne ayant autorité est de 20 ans après la majorité des victimes. Les faits sont donc prescrits concernant les victimes qui ne se sont pas fait connaître avant leur 38 ans.
De longue haleine, notamment en raison d'un long débat juridique, l'affaire est encore en cours d'instruction mais le père Preynat devrait bien être jugé. Il risque 10 ans d'emprisonnement et 15.000 euros d'amende.
C'est également sur des questions de prescription que porte le procès du cardinal Barbarin. Le primat des Gaules a déclaré avoir a été mis au courant des agissements du prêtre dès 2007-2008. Pour ne pas en avoir informé la justice, il aurait pu être poursuivi pour non-dénonciation d'agression sexuelle, mais ce délit se prescrit au bout de trois ans (vers 2011 donc). L'affaire a donc été classée sans suite. Mais les plaignants et leurs avocats font valoir que c'est à partir de 2014, voire de la première plainte contre le père Preynat en 2015 que doit être calculée la prescription.
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