Saint-Etienne-du-Rouvray : le témoignage de l'épouse d' Adel Kermiche, radicalisée à 15 ans, "détruite" par le terroriste
Pas encore majeure, elle est devenue l'ex-femme d'un islamiste radicalisé et d'un assassin. La jeune fille qui avait religieusement épousé Adel Kermiche, l'homme qui avec Abdel Malik Petitjean a tué le père Hamel à Saint-Etienne-du-Rouvray le 26 juillet 2016, a été entendue en février dernier par la sous-direction antiterroriste (SDAT).
Les comptes rendus de cette audition que révèlent L'Express ce mardi 25 dressent le portrait d'une adolescente radicalisée qui s'est laissée fasciner par le discours du jeune homme, avant de découvrir la vie qu'il lui réservait, et ce dont il était capable.
Comme souvent, c'est via Internet que la jeune fille a découvert la propagande de l'Etat islamique et a rencontré Adel Kermiche, en 2015 alors qu'elle avait à peine 15 ans. Elle avait déjà, comme lui, tenté de partir faire le djihad. "Nous avons d'abord discuté de nos origines communes. A force de parler, nous avons parlé de religion". Ils entament une relation et il l'invite à tenter à nouveau sa chance avec lui. Elle refuse, lui est interpellé en Suisse et placé en détention. Depuis sa prison il la demande en mariage, mais elle dit non et leur relation cesse.
Pour un temps seulement. Au printemps 2016, Adel Kermiche, endurci au contact des djihadistes en prison, lui demande à nouveau sa main. Elle accepte. Et c'est via Skype qu'un "imam" les marient clandestinement. "Je précise que je n'avais pas le droit de parler. Ils ont discuté de dot, ils ont choisi pour moi", a fait savoir la jeune fille aux enquêteurs.
Très vite, l'adolescente découvre les restrictions que son époux compte lui imposer. Interdiction de s'habiller comme elle le souhaite, de sortir, de fréquenter les "kouffars" (mécréants), tandis que lui s'octroie le droit d'avoir d'autres femmes. "Je savais qu'il était dangereux car il m'a menacée une fois de me lapider. Mais je ne l'ai pas cru", poursuit-elle.
Elle se rebelle, il la répudie. Elle devient une paria pour lui et son entourage. A la demande de ses parents, elle porte plainte. Mais l'affaire sera interrompue par la mort d'Adel Kermiche sous les balles des policiers, le 26 juillet 2016.
"Il m'a détruite. Je ne pensais pas qu'il ferait un geste pareil", a déclaré celle qui depuis a pris ses distances avec l'islam radical et est désormais suivie par le centre de "déradicalisation" de Dounia Bouzar.
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