Saint-Etienne-du-Rouvray : réouverture de l'église, deux mois après l'assassinat du père Hamel
Dans les rues de cette ville de 27.000 âmes, cité ouvrière de la ceinture industrielle de Rouen, personne n'a oublié la fin tragique du père Jacques Hamel, 85 ans, égorgé au pied de son autel, le 26 juillet, après une messe matinale, par deux jeunes radicalisés de 19 ans, se réclamant de l'Etat islamique. "C'était un bon curé, j'allais toujours le voir et il ne refusait jamais un service", témoigne Mafalda Pace, 81 ans, qui habite à côté de l'église Saint-Etienne, datant du XVIe siècle.
Cette retraitée, comme des centaines de Stéphanais, compte bien être présente dimanche dans ou à l'extérieur de l'église, où elle pourra suivre sur grand écran un "rite pénitentiel de réparation" suivi d'une messe, célébrés par l'archevêque de Rouen Mgr Dominique Lebrun.
Dans le culte catholique, le rite pénitentiel de réparation vise à purifier symboliquement une église qui a été profanée. "Le rite consiste à +laver+ l'église en l'aspergeant d'eau bénite", a expliqué à l'AFP l'archevêque qui avait célébré le 2 août à la cathédrale de Rouen la messe des obsèques du prêtre assassiné.
Le rite visera aussi à "réparer" les profanations commises contre des objets cultuels par les deux djihadistes, Adel Kermiche, un Stéphanais, et Abdel-Malik Petitjean, venu de Savoie. Les deux hommes se sont en effet acharnés sur l'autel en bois en lui portant des dizaines de coups de couteau.
Ils ont aussi arraché une croix de procession scellée dans le mur, renversé le grand cierge de Pâques et retiré le chapelet qui était entre les mains d'une Vierge de Fatima. La commune compte une importante communauté portugaise.
Après le rite pénitentiel, Mgr Lebrun, entouré notamment du curé de la paroisse Auguste Moanda-Phuati, du vicaire général du diocèse Philippe Maheut, et d'autres prêtres des paroisses environnantes, célèbrera la messe. Avant d'entrer dans l'église il aura mené une procession sur environ 500 mètres qui débutera à la porte du presbytère, non loin de l'Hôtel de Ville.
Maison de deux étages avec une cour intérieure et un appentis pour abriter la vieille Renault 19 que le vieux prêtre conduisait encore et réparait lui-même, le presbytère du père Hamel a accueilli plusieurs générations de paroissiens, du catéchisme aux préparations au mariage.
De nombreux musulmans devraient se joindre à la foule, à l'extérieur de l'église. Un appel en ce sens a été lancé à la prière du vendredi par l'imam de la mosquée stéphanaise, Laaraj Abdeljalil. "Ce sera un jour de fraternité, j'espère que croyants ou pas, tous les Stéphanais seront là", a déclaré à l'AFP Mohamed Karabila, responsable de la mosquée, située à côté de l'église Sainte-Thérèse, l'autre église de la commune, sur la partie haute de la ville.
Dans les deux lieux de culte, distants de quelques dizaines de mètres, des scènes de fraternisation avaient eu lieu après l'assassinat du père Hamel. Survenu douze jours après l'attentat de Nice (86 morts), celui de Saint-Etienne-du-Rouvray, n'avait pas suscité de polémique politique ou de réactions hostiles vis-à-vis de la communauté musulmane, contrairement à ce qui s'était produit sur la Côte d'Azur. "Dans une grande dignité et dans une grande diversité, la population stéphanaise a su réunir les conditions de cette réaction qui a marqué le pays", a déclaré à l'AFP le maire Hubert Wulfranc (PCF). La réaction émue de l'édile, immédiatement après l'attentat, avait été très remarquée, au moment de la venue dans sa ville du président François Hollande. "Soyons ensemble les derniers à pleurer et soyons ensemble les derniers à être debout devant la barbarie et dans le respect de tous", avait-il dit.
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