Un projet de "labellisation" des imams en préparation

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 18 novembre 2016 - 15:07
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Les imams devront maîtriser un socle commun de connaissances religieuses, mais aussi profanes.
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Le Conseil français du culte musulman est en train d'élaborer une série de certifications pour que les futurs imams français aient tous une formation commune. Le but est d'éviter notamment les dérives d'une radicalisation des chargés du culte.

Vérification des connaissances théologiques du candidat, suivi d'une formation civique, signature d'une charte: le Conseil français du culte musulman (CFCM) entend présenter courant décembre son dispositif de labellisation des imams pour promouvoir un "islam ouvert".

Le sujet est à l'ordre du jour vendredi, d'un colloque à Strasbourg, où est présenté un "projet de charte des imams" rédigé dans le cadre de l'instance régionale de dialogue entre les autorités et l'islam dans le Grand Est. Le CFCM pourrait s'en inspirer.

L'instance de représentation du culte musulman avait exprimé il y a bientôt un an déjà, peu après les attentats du 13 novembre, son intention de proposer une habilitation des imams. Au-delà des "prêcheurs de haine" directement visés -près de 80 d'entre eux, étrangers, ont fait l'objet d'arrêtés d'expulsion depuis début 2015-, le gouvernement pousse le CFCM à réagir face à la montée des discours fondamentalistes, même si tous n'appellent pas à la violence jihadiste.

Mais le projet n'a pas vraiment pris forme depuis, signe de la difficulté à faire avancer le chantier d'un "islam de France" pour des responsables musulmans souvent divisés, en mal d'image et de représentativité. La mise en place dans la douleur d'un "conseil religieux" au sein du CFCM, en mai dernier, a constitué un préalable indispensable.

La France compte environ 1.800 imams -pour partie à temps partiel non rémunéré, certains itinérants- chargés de conduire la prière dans environ 2.500 mosquées et salles de prière, selon les estimations. Trois cents sont "détachés" par l'Algérie, le Maroc et la Turquie -les principaux pays d'origine des 4 à 5 millions de musulmans en France- dans le cadre d'accords entre Paris et ces pays.

Le dispositif de "recommandation" des imams imaginé par le CFCM repose sur trois piliers. D'abord la vérification du niveau de formation théologique du candidat à ce label. "Nous avons entamé le week-end dernier un travail d'harmonisation du cursus proposé par les instituts de théologie privés (notamment l'institut Al Ghazali de la grande mosquée de Paris et l'IESH piloté par l'Union des organisations islamiques de France dans la Nièvre et à Saint-Denis, NDLR), autour d'un module commun", indique à l'AFP le président du CFCM, Anouar Kbibech.

Deuxième critère: les imams souhaitant être agréés devront pouvoir justifier de connaissances profanes conformes à celles fournies par l'un des 14 diplômes universitaires (DU) de formation civile et civique actuellement proposés en France -deux autres doivent être ouverts en 2017, quatre sont en préparation, selon l'entourage du ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve.

Enfin, le candidat à la "recommandation" devra signer une "charte de l'imam" comportant "des engagements sur les discours tenus dans les prêches et la promotion d'un islam ouvert, tolérant, respectueux des valeurs et des lois de la République", selon Anouar Kbibech.

Une réunion du conseil religieux du CFCM est prévue sur le sujet le 4 décembre. Cette commission en profitera pour préciser les contours d'un contre-discours théologique face à la propagande jihadiste véhiculée sur internet, auquel l'État appelle le CFCM de façon pressante.

Le Conseil du culte musulman espère beaucoup de son dispositif de recommandation, même s'il sera proposé aux imams "sur la base du volontariat" et non de manière contraignante, du moins "dans un premier temps".

En théorie, rien n'empêchera par exemple une mosquée sous influence salafiste -la France en compte environ 120, selon des estimations- de faire appel à un imam ou prédicateur rejetant la modération d'un islam du "juste milieu".

Mais Anouar Kbibech parie sur un levier "gagnant-gagnant".

"Ce sera un atout pour un imam d'avoir la recommandation du CFCM, une garantie pour la mosquée envisageant de l'embaucher, et une assurance pour les pouvoirs publics, les mairies, les préfectures", veut croire le président du CFCM. Qui devrait préciser son projet lors de la prochaine -et troisième- réunion de l'instance nationale de dialogue avec l'islam, le 12 décembre, place Beauvau.

 

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