Viol : Henda Ayari modifie sa version, une opportunité pour Tariq Ramadan ?
L'une des victimes présumées de Tariq Ramadan, accusé de viol par plusieurs femmes, a changé sa version.
Si elle met toujours en cause l'islamologue controversé pour les même faits, elle a, selon les informations de franceinfo de ce mardi 29, modifié la date et le lieu de l'agression dans sa dernière audition par les juges en charge du dossier, survenue la semaine dernière. Un changement qui pour la défense démontre l'absence de crédibilité de ce témoignage.
Henda Ayari, ancienne salafiste devenue militante féministe, disait avoir été violée par Tariq Ramadan en marge d'une de ses conférences. Des faits qu'elle n'arrivait pas à dater précisément ceux-ci remontant à 2012. Elle évoquait la période de fin mars à début avril et situait l'agression à l’hôtel Holiday Inn de la gare de l’Est.
Voir: Tariq Ramadan visé par une cinquième plainte pour viol
Mais toujours selon franceinfo, Henda Ayari évoquerait désormais une date précise, le 26 mai 2012, ainsi qu'un autre lieu, l’hôtel Crown Plaza de la place de la République, à un peu plus d'un kilomètre du premier lieu décrit.
Sur Twitter la femme de 41 ans ne conteste pas ces informations. Elle explique avoir "retrouvé des éléments importants (date et lieu)" qui lui auraient donc permis de combler des blancs et même de justifier de sa présence dans cet hôtel à ce moment.
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Mais la défense de Tariq Ramadan, assurée par Emmanuel Marsigny, s'est sans surprise engouffrée dans l'espace que libère ces contradictions pour mettre en cause la crédibilité d'Henda Ayari: "Quand on a été violée, on se souvient généralement du lieu! (...) On change d’hôtel, on change de date, bientôt on changera aussi d’auteur des faits", s'insurge l'avocat.
La quadragénaire juge de son côté qu'au contraire, ces éléments retrouvés "prouvent que je n'ai jamais menti contrairement à ce que dit l'avocat de Tariq Ramadan qui veut me faire passer pour une menteuse".
Si l'argument est employé par Emmanuel Marsigny pour démonter l'innocence de son client, il l'est aussi pour permettre à plus court terme de peser sur une nouvelle demande de remise en liberté du théologien: "Ce qui est dramatique, c’est que mon client est maintenu en détention au motif précisément que des vérifications auraient été faites pour crédibiliser les accusations", assure l'avocat.
Aller plus loin: Tariq Ramadan en détention provisoire: atteinte à la présomption d'innocence?
La libération de Tariq Ramadan avait été refusée en appel mardi 22. Outre le risque que ce ressortissant suisse quitte la France (la défense avait proposé une remise du passeport et une assignation à résidence), l'avocat général avait mis en avant deux autres conditions pour maintenir la détention provisoire: le risque de pressions sur les accusatrices et de renouvellement des faits (comprendre la comission de nouveaux viols).
La détention de ce petit-fils du fondateur des Frères musulmans a suscité une vive émotion, en particulier dans les milieux de l'islam militant. Mais la campagne du comité "Free Tariq Ramadan" a vu ses soutiens s'effriter au gré des révélations sur la vie sexuelle du professeur, en contradiction avec les enseignements religieux qui lui ont valu sa célébrité.
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