Xavier Dupont de Ligonnès : dans un mail, il envisageait "le suicide seul ou le suicide collectif"
Cinq ans après, le mystère Dupont de Ligonnès intrigue toujours autant. Dans un ouvrage intitulé Le Disparu consacré à l'affaire paru le 25 août, la journaliste Anne-Sophie Martin révèle l'existence d'un email dans lequel le père de famille criblé de dettes et en échec professionnel envisageait "le suicide seul ou le suicide collectif". Dans un courriel adressé à ses amis Dominique et Martin un an avant la mort de sa famille et sa propre disparition, Xavier Dupont de Ligonnès écrit: "Si ça tourne mal, je n’ai que deux solutions, me foutre en l’air avec ma voiture ou foutre le feu à la baraque quand tout le monde dort (…) Post-scriptum : je suis très sérieux, lucide et sous l’emprise d’aucune drogue ni d’aucun alcool". "Je serai donc fin août-début septembre au pied du mur avec une décision définitive à prendre: suicide seul ou suicide collectif… ", poursuit-il, accompagnant son message d'une pièce jointée intitulée "Dispositions.doc", ressemblant à un testament.
Dans ce document, le père de famille indique la marche à suivre en cas "d'accident mortel" ou "d'accident domestique". "En cas d'accident domestique (comme un incendie provoquant la mort de toute la famille), je souhaite que mes véhicules reviennent en priorité à Dominique à qui je dois en permanence une somme fluctuante... Il saura partager le produit de la vente de ces véhicules avec d'autres amis qui me dépannent ponctuellement et dont il connaît les noms (...) Je souhaite enfin que, même après enquête de police, on ne puisse jamais laisser croire à mes parents, frères et sœurs, que ces accidents ont été volontairement provoqués par moi (même si les preuves sont formelles)", explique-t-il notamment. Après avoir reçu ce message, les deux amis affolés avaient appelé Xavier Dupont de Ligonnès. Mais ce dernier avait alors relativisé ses propos, évoquant "d'éventuelles solutions" à ses problèmes.
En avril 2011, la police avait découvert les corps d'Agnès Dupont de Ligonnès et de ses quatre enfants, Arthur, Thomas, Anne et Benoît ainsi que ceux des deux chiens de la famille, sous la terrasse d'un pavillons nantais. Si aucune empreinte ADN n'a jamais été retrouvée pour prouver la culpabilité de Xavier Dupont de Ligonnès, disparu depuis, sa responsabilité dans le drame fait peu de doutes. En effet, l'homme venait de faire remettre en état le fusil de son père, du même calibre que les impacts retrouvés sur le corps des victimes. Des tickets de caisse pour l'achat de grands sacs poubelles et de la chaux avaient également été découverts. Par ailleurs, après la mort des siens, le suspect aurait rédigé une dizaine de lettres adressés à l'employeur de son épouse pour présenter sa démission en raison d'une mutation. Il aurait écrit la même chose aux écoles de ses enfants. Quant à ses proches, il leur aurait parlé d'un départ précipité à l'étranger pour participer à une enquête sur un trafic de drogue.
Aujourd'hui, la révélation de cette email semble accréditer la thèse du suicide: après avoir massacré sa famille, Xavier Dupont de Ligonnès se serait donné la mort. Malgré tout, "j'ai rencontré beaucoup de gens et j'ai été sidérée en réalisant qu'une personne sur deux, dans l'entourage de la famille, ne croyait pas à la thèse du suicide", a déclaré Anne-Sophie Martin au Figaro. D'autant plus que Xavier Dupont de Ligonnès a été aperçu pour la dernière fois dans le Var, dix jours après la mort des siens. Puis, en juillet 2015, une journaliste nantaise a reçu une photo de la famille accompagnée de la mention "Je suis encore vivant". Les spécialistes ont finalement déterminé que l'écriture ne correspondait pas à celle du suspect. "J'ai été fascinée par cette espèce d'abîme qu'il y avait dans cette histoire où il n'y a pas de mot +Fin+. On ne sait pas aujourd'hui, cinq ans après, si cet homme est mort ou si cet homme est vivant", conclut Anne-Sophie Martin.
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