Xavier Dupont de Ligonnès : le profil inquiétant d'un père de famille fervent chrétien et commercial raté
Ce mardi 9 au matin, des hommes de la police judiciaire ont investi un monastère de Roquebrune-sur-Argens après que plusieurs personnes y ont décrit l'un des membres de la congrégation comme ayant une forte ressemblance physique avec Xavier Dupont de Ligonnès. L'homme est soupçonné du quintuple meurtre familial de Nantes en 2011, après la découverte des cadavres de sa femme et de ses quatre enfants. Et ce ne sont pas les éléments que vont ensuite être révélés sur Xavier Dupont de Ligonnès qui vont dissiper cette image de suspect qui, acculé, aurait décidé de massacrer toute sa famille.
Car l'homme, âgé de 50 ans au moment des faits, malgré l'apparence d'une vie bourgeoise et bien rangée, semblait multiplier les échecs professionnels. Ses activités sont d'ailleurs assez "floues". Officiellement présenté comme un "commercial", il a fondé plusieurs sociétés n'ayant connu aucun succès. Elles visaient à offrir des services pour des commerciaux itinérants. Un guide, une carte de fidélité, voire l'adhésion à une fédération, aucun de ces projets n'a fonctionné. Selon le procureur de Nantes, il ne déclarait au fisc que 4.000 euros annuels. Son épouse de son côté n'occupait qu'un modeste emploi d'adjointe à la vie scolaire, 13 heures par semaine, dans une école privée.
Catholique pratiquant, voire même fervent durant sa jeunesse, Xavier Dupont de Ligonnès, multiplia cependant sur des forums dédiés des déclarations étranges, parfois morbides, évoquant l'existence d'"homicides altruistes". Les enquêteurs qui essaieront de décrypter la vie du suspect lui découvriront au moins une maîtresse (qui lui prêtait d'ailleurs de l'argent). Ils découvriront aussi que si Xavier Dupont de Ligonnès a reconnu la paternité de son fils aîné, il n'en était pas le père biologique. Madame Dupont de Ligonnès, décrite comme pieuse, consultait des conseillers conjugaux, ou d'autres type de confidents, dont l'un décrit par Le Monde comme un "gourou" lui extorquera de fortes sommes d'argent. Dans un carnet intime appartenant au suspect, Xavier Dupont de Ligonnès expliquera que sa femme "avait des envies physiques de plusieurs autres hommes, qu'elle les réalisait plus ou moins concrètement". Dans ce même document, le suspect se décrivait comme faisant partie "des gens intelligents, volontaires, équilibrés, en bonne santé morale et physique, et qui réalisent des choses".
Décrit comme voulant préserver les apparences à tout prix, Xavier Dupont de Ligonnès semblait assailli par les problèmes d'argent. Il devait en effet prendre en charge sa famille, payer le loyer de sa maison dont il n'était pas propriétaire, ainsi que les frais scolaires de ses deux aînés étudiants. Avant de disparaître, il écrira une lettre à son entourage qu'il partait aux Etats-Unis avec sa famille pour se cacher dans le cadre d'un programme de protection de témoin dans une affaire de stupéfiants. Sa famille en question, elle, reposait sous une dalle de la maison de Nantes (rachetée début 2015) criblée de balles pendant que lui se dirigeait vers le Var, dans la région de Roquebrune-sur-Argens, où sa trace disparaissait peu après.
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