Accusé de vouloir faire muter le coronavirus, Pfizer détaille ses expériences sur le Sars-Cov-2... qui seraient un “gain de fonction”
Pfizer a réagi samedi dernier aux révélations de son employé, Jordon Trishton Walker, filmé à son insu dans une vidéo du média conservateur Project Veritas. Il avait dévoilé le projet du laboratoire américain de mener des mutations sur le Covid-19 pour développer des vaccins préventifs. Sans démentir les détails dévoilés par son directeur de la recherche et du développement, Pfizer a affirmé “ne pas avoir mené de recherche sur le gain de fonction ou sur l’évolution dirigée”.
Dans un communiqué publié samedi 28 janvier, la société pharmaceutique reconnaît toutefois avoir mené des recherches sur le virus “original” Sars-CoV-2, pour “exprimer la protéine de pointe à partir des nouveaux variants préoccupants”. Un processus qui s’apparente quand même à un “gain de fonction” selon certains scientifiques, comme le biologiste moléculaire Robert Malone.
Dans son texte, le laboratoire américain n’a pas non plus cité son directeur de la recherche, Jordon Trishton Walker, dont le poste et la position hiérarchique chez Pfizer ont été confirmés par Project Veritas dans la vidéo, puis sur Twitter. Le communiqué de la société pharmaceutique s’est principalement attardé sur ses recherches.
Le SARS-CoV-2 modifié “pour analyser l’activité antivirale”
L'expression génique, à laquelle Pfizer dit avoir eu recours pour la protéine de pointe du SARS-CoV-2, fait référence à l'ensemble des processus par lequel l'information héréditaire stockée dans un gène est utilisée pour fabriquer des protéines pouvant jouer un rôle dans le fonctionnement cellulaire comme les ARN. Les recherches que le laboratoire dit avoir mené “ont été entreprises une fois qu'un nouveau variant préoccupant a été identifié par les autorités sanitaires publiques”. Cette recherche "nous permet d'évaluer rapidement la capacité d'un vaccin existant à induire des anticorps qui neutralisent un variant nouvellement identifié”, s’explique Pfizer. “Nous rendons ensuite ces données disponibles dans des revues scientifiques évaluées par des pairs et les utilisons comme l'une des étapes pour déterminer si une mise à jour du vaccin est nécessaire”, poursuit la société.
Pfizer a ainsi mené des expériences dans “un laboratoire de niveau 3”. Il s’agit d'un laboratoire confiné à l’intérieur duquel sont manipulés des prélèvements biologiques infectieux et des agents biologiques de classe 3, comme, à titre d’exemple, le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) et les virus des hépatites B (VHB) et C (VHC). Le communiqué explique que le laboratoire “mène des travaux in vitro pour identifier les mutations potentiellement résistantes au nirmatrelvir, l'un des deux composants du Paxlovid”, un médicament anti-Covid élaboré par Pfizer. Et d'expliquer : “Avec un virus évoluant naturellement, il est important d'évaluer systématiquement l'activité d'un antiviral”.
Pfizer affirme que “la plupart de ces travaux in vitro sont menés sur la partie non infectieuse” du virus, sans avoir subi de gain de fonction, “à l'aide de simulations informatiques ou de mutations de la principale protéase”. Il est expliqué que ce “virus peut être modifié pour permettre l'évaluation de l'activité antivirale dans les cellules”. Cette expérience, pour résumer, est menée dans des cellules incubées avec le SARS-CoV-2 et le nirmatrelvir, “afin de déterminer si la protéase principale peut muter pour produire des souches résistantes du virus”.
La description même d’un “gain de fonction”
Pfizer affirme dans son communiqué que “ces études sont requises par les régulateurs américains et mondiaux pour tous les produits antiviraux et sont menées par de nombreuses entreprises et institutions universitaires aux États-Unis et dans le monde”.
Les affirmations de Pfizer selon lesquelles le laboratoire n'aurait mené des recherches ni sur “un gain de fonction” ni sur une “évolution dirigée” ont été battues en brèche par le biologiste moléculaire Robert Malone, dont la découverte dans les années 1980 sur le rôle de l’ARN messager a permis le développement de vaccins ARNm. Ce dernier affirme que la description des expériences menées par Pfizer correspond bel et bien à un “gain de fonction”.
“Pfizer reconnaît essentiellement qu’ils font le même genre de recherche que l’Université de Boston, mais ils nient qu’il s’agit d’un gain de fonction ou d’une évolution dirigée”, a-t-il écrit sur Twitter, faisant référence à une étude, révélée l’année dernière, au cours de laquelle des chercheurs ont développé une souche de Covid-19 qui a tué 80 % des souris infectées.
"1) Les avocats de Pfizer n'ont pas discrédité leur directeur des opérations et de la planification scientifique. 2) il n'y a pas de démenti à propos de ce qu'il a dit. 3) Ils ne démentent pas qu'il est un employé de Pfizer", a-t-il en outre fait remarquer.
Un sénateur de Floride, Marco Rubio, a rédigé une lettre au PDG de Pfizer, Albert Bourla, dans laquelle il estime que les révélations de Jordon Walker sont “inquiétantes”.
Le directeur de la recherche et du développement chez Pfizer avait déclaré au journaliste infiltré du média américain Project Veritas que Pfizer effectuait “des mutations de structures sélectionnées du coronavirus pour essayer de voir si nous pouvons les rendre plus puissants (...) Ce n'est pas ce que nous disons au public”, révélant que “l’expérience a déjà commencé sur des singes“. Et d'ajouter : “Il y a un risque comme vous pouvez l'imaginer. Personne ne veut avoir affaire à une société pharmaceutique qui fait muter des virus. Vous devez tout contrôler pour vous assurer que ce virus que vous avez muté ne crée pas quelque chose qui va partout”.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.