Cancer : quand les antibiotiques perturbent l'efficacité de l'immunothérapie
Pour de nombreux chercheurs, l'immunothérapie pourrait devenir le remède miracle contre le cancer. Ce traitement, qui se présente aujourd'hui comme l'un des moyens les plus efficaces pour lutter contre la maladie, stimule les défenses immunitaires du patient pour venir à bout des cellules cancéreuses et prévenir les récidives. Seulement voilà: les effets ne sont pas toujours ceux escomptés.
Par conséquent, plusieurs chercheurs ont entrepris des travaux afin de comprendre la raison de son inefficacité chez certaines personnes. Et ils ont finalement découvert que la prise d'antibiotiques affectait l'efficacité de ce traitement. Ainsi, selon leur étude dont les résultats ont été publiés jeudi 2 dans la revue Science, les médicaments pris dans le cadre d'une infection dentaire, urinaire et pulmonaire, modifient le microbiote intestinal (les micro-organismes qui vivent dans le tube digestif) des patients, un chamboulement qui aurait un impact négatif sur le traitement contre la maladie.
Et cela cible trois types de cancers: celui du poumon, du rein et de la vessie. "La prise d'antibiotiques deux mois avant et jusqu'à un mois après le début du traitement a un impact négatif sur la survie sans progression de la maladie, et la survie globale des patients dans ces trois types de cancer", ont ainsi expliqué les auteurs de l'étude.
Pour prouver un lien direct de cause à effet entre la composition du microbiote intestinal et l’efficacité de l’immunothérapie, les spécialistes ont donc analysé la composition du microbiote de 153 patients atteints d'un cancer du poumon ou du rein, avant et pendant leur traitement par immunothérapie. Et ils ont identifié une composition favorable, enrichie en Akkermansia muciniphila, chez les patients répondant le mieux à l’immunothérapie et chez ceux dont la maladie était stabilisée pendant au moins trois mois.
Ils ont ensuite transféré sur des souris, dépourvus de flore intestinale, des microbiotes: certains étaient favorables (provenant de patients ayant démontré une bonne réponse clinique à l’immunothérapie), d'autres défavorables (provenant de patients en échec). Et les résultats ont parlé d'eux-mêmes. Les rongeurs qui avaient reçu la "bonne" flore réagissaient bien lorsqu'ils étaient traités par immunothérapie et inversement avec la "mauvaise" flore.
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