Ces contaminations qui sèment le doute dans les abattoirs
69 employés testés positifs au Covid-19 dans l’abattoir de Kermené, en Bretagne, 34 cas confirmés à Fleury-les-Aubray dans le Loiret : ces nouveaux clusters soulèvent des questions.
Y’a-t-il un risque particulier à travailler dans les abattoirs ? La question mérite d’être posée, d’autant plus que d’autres structures de ce type se sont transformées en foyers de contamination, notamment en Allemagne et aux Etats-Unis. Outre-Rhin, la production a ainsi été suspendue ce lundi matin dans une usine de découpe de Basse-Saxe.
Du côté de l’abattoir de Kermené, qui poursuit sa production pour le groupe Leclerc alors que l’ARS (Agence régionale de santé) teste massivement les employés et leurs contacts, direction et personnel confirment que les consignes de sécurité sont parfaitement respectées, malgré la proximité inhérente au métier et les conditions de travail, à savoir un espace clos, froid et humide.
Interviewé par Ouest France, le directeur de cette entreprise de 2500 salariés, Alex Joannis affirme que « des mesures sanitaires exceptionnelles ont été mises en place. Il s’agit de la mise en œuvre des consignes en fonction des mesures gouvernementales de prévention ». Points de distribution de gel hydroalcoolique, séparateurs entre les postes de travail, horaires décalés… Les mesures de précaution semblent avoir été respectées à la lettre.
Espaces exigus
Chez Tradival, à Fleury-les-Aubray, il semble, selon le préfet du Loiret, que le protocole a également été respecté (masques, gel, prise de température…). Sur France Info TV, des salariés évoquent néanmoins la difficulté à respecter les distances de sécurité, en particulier dans des espaces exigus comme les vestiaires.
Le représentant de l’État a pris une décision de fermeture du plus grand abattoir d’animaux de boucherie de la région Centre-Val-de-Loire, entraînant dans son sillage celle des crèches et des écoles de la ville.
Sur les deux sites, les ARS mènent désormais l’enquête pour comprendre les causes de ces contaminations, et de leur niveau. 63 cas se sont révélés positifs sur 209 tests réalisés dans les Côtes d’Armor alors que les 34 personnes ont été contaminées dans le Loiret sur 144 testées – les 400 salariés doivent être soumis à un dépistage.
Pour Laurent Habert, directeur général de l’ARS Centre-Val-de-Loire :
« Il y a eu beaucoup de contacts et d’échanges dans cette unité (ndrl : l’atelier de découpe) au sein des personnels »
D’autres raisons pourraient expliquer ces contaminations, comme les outils utilisés qui produisent des aérosols éventuellement propices à la circulation du virus. Elles restent donc à définir.
Un risque sur la viande ?
Quoiqu’il en soit, les consommateurs s’inquiètent. Y’a-t-il, également, un risque de contamination au coronavirus par la viande provenant de ces abattoirs ? Aucun danger, assurent les scientifiques interrogés tels que le docteur Yves Buisson, épidémiologiste et membre de l’Académie de médecine.
« La viande qui sort de ces abattoirs ne peut pas transmettre le virus à ceux qui vont la consommer »
De son côté, Jean-Luc Angot, inspecteur général au Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) rappelle que le coronavirus se transmet par voie respiratoire et qu’il « n’y a pas de contamination digestive. La consommation alimentaire, notamment de viande, n’est pas risquée ».
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