Des mères plus âgées et plus souvent en surpoids : la tendance s'accentue
Les mères sont plus âgées et plus souvent en surpoids au moment de la naissance, deux tendances préoccupantes pour la santé de la mère et du bébé qui se confirme au fil des années en France, selon une enquête publiée mercredi.
La proportion de naissances chez les femmes âgées de 35 ans et plus atteint désormais 21% en métropole contre 19% lors de la précédente enquête de 2010, d'après l'Enquête nationale périnatale 2016. Cette proportion était de 15,9% en 2003.
Il s'agit d'une évolution de long terme, l'âge des mères au moment de l'accouchement augmentant de manière continue depuis des décennies, selon l'enquête de l'Inserm et de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees).
Le report des naissances vers un âge maternel plus avancé est considéré comme une évolution défavorable car cela a une influence négative sur la fertilité et majore les risques pour la mère et l'enfant: "prématurité, gémellité, trisomie, complications de pathologies qui peuvent s'aggraver avec l'âge...", explique la responsable de l'enquête, Béatrice Blondel (Inserm).
L'âge moyen des mères (pour les naissances vivantes) est passé de 26,5 ans en 1977 à 29,5 ans en 2003, puis à 29,9 ans en 2010 et 30,4 ans en 2016. Pour le premier enfant, les femmes avaient en moyenne 28,5 ans en France en 2015, soit quatre ans et demi de plus qu'en 1974, soulignait une étude de l'Insee en mars.
L'augmentation du surpoids et de l'obésité est également préoccupante: en 2016, en métropole, 20% des mères étaient en surpoids et près de 12 % étaient obèses, contre respectivement 17 % et 10 % en 2010. En 2003, ces proportions étaient de 15% pour le surpoids et de 7% pour l'obésité.
En outre-mer, le taux d'obésité des femmes enceintes est plus élevé (21%).
En raison de cet excès de poids, "pendant la grossesse, les femmes sont plus à risque de pathologies graves (pré-éclampsie, diabète...) et elles ont un risque plus élevé de mortalité", souligne la chercheuse.
- Toujours autant de fumeuses -
"Pour l'enfant, ça a un impact en termes d'anomalies de croissance in utero, de mortalité foetale, mais aussi probablement à plus long terme sur le poids et la santé de manière générale", rappelle-t-elle.
L'enquête montre aussi la dégradation de certains indicateurs de santé périnatale. Le taux de prématurité augmente depuis 1995 (de 4,5 % en 1995 à 6% en 2016 chez les enfants uniques nés vivants) tandis que la proportion d'enfants de petit poids (compte tenu de la durée de la grossesse) a augmenté durant cette période (de 10,1 % à 10,8 % chez les enfants uniques).
Autres problèmes, selon l'étude: la consommation de tabac pendant la grossesse n'a pas baissé (17 %, mais elle est de 5% outre-mer) et la vaccination antigrippale des femmes enceintes, pourtant considérées comme groupe à risque élevé de complications en cas de grippe, est très faible (7 %).
Par ailleurs, l'allaitement exclusif pendant le séjour en maternité a diminué (de 60 % à 52 %).
Parmi les progrès, les auteurs relèvent un meilleur suivi par les soignants des recommandations au moment de l'accouchement, ce qui se traduit notamment à travers la poursuite de la baisse du taux d'épisiotomies (55% en 1998, 27% en 2010, 20% en 2016).
De même, le recours à l'oxytocine, médicament qui permet d'accélérer les contractions et présente des risques pour la santé maternelle, baisse (de 57,6 % à 44,3 %) chez les femmes en travail spontané. Ce médicament a cependant d'autres usages utiles en gynécologie, souligne la chercheuse, comme pour la prévention de l'hémorragie du post-partum (après l'accouchement) qui, point positif selon l'enquête, s'est généralisée.
L'enquête réalisée sous l'égide du ministère de la Santé a porté sur 14.142 naissances (enfants nés vivant ou morts-nés) survenues entre le 14 et le 20 mars 2016 et sur 13.894 femmes dans l'ensemble des maternités de France, dont les cinq départements et régions d'outre-mer (Drom).
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.