Grippe aviaire : au moins un tiers de foie gras en mois dans le Sud-Ouest en 2016
Mauvaise nouvelle pour les gros mangeurs. La production de foie gras devrait baisser d'au moins un tiers en 2016 dans la zone du Sud-Ouest concernée par le gel de production destiné à lutter contre l'épidémie de grippe aviaire, ont indiqué ce mercredi 20 janvier des professionnels de la filière.
"Dans le scénario le plus optimiste de vide sanitaire (...) c'est un tiers de la production de cette région qui ne sera pas produite", a déclaré à l'AFP Christophe Barrailh, président de l'interprofession, tandis qu'un des principaux producteurs estime que la baisse pourrait atteindre 50%.
Si les pouvoirs publics décident de mettre en place un vide sanitaire de quatre semaines, "la perte de production sera de 9,5 millions de canards dans les 18 départements concernés", qui en comptent au total 28,5 millions, a détaillé Christophe Barrailh, président du Comité Interprofessionnel des Palmipèdes à Foie Gras (Cifog) et administrateur de la coopérative Euralis.
Ces 18 départements représentent 80% de la production de foie gras en France, où l'on recense au total 36 millions de canards, selon le Cifog.
Pour endiguer l'épizootie de grippe aviaire qui s'est déclarée fin novembre en Dordogne, les élevages d'oie et de canards de 18 départements du Sud-Ouest vont devoir geler leur production pendant plusieurs mois - une première en France - pour permettre l'éradication du virus par ce "vide sanitaire".
Cette zone est plus large que celle où les 69 cas d'influenza ont été effectivement détectés, qui recouvre 8 départements.
"Les premières estimations font état d'un trou de production de 30 à 50% suivant les zones", a indiqué de son côté Dominique Duprat, directeur général adjoint de Delpeyrat, l'un des principaux producteurs de foie gras (13% du marché), lors d'une conférence de presse.
Interrogé sur une possible flambée des prix, Dominique Duprat a estimé qu'il y aurait "bien sûr" une forte hausse, car il y aura "moins de matière première disponible et des coûts de production en hausse".
Le dirigeant a reconnu "ne pas savoir" s'il y aurait assez de foie gras pour les fêtes de fin d'année, même si les stocks existants permettront de satisfaire la demande à Pâques.
En outre, la possibilité de faire des stocks "dépend du type de produit. Pour le foie gras frais, c'est impossible", souligne Philippe Carré, directeur général adjoint du groupe coopératif Maïsadour, propriétaire de Delpeyrat.
En outre, l'arrêt de la production intervient en début d'année, "au moment où il n'y a plus les stocks de Noël", reconnaît Jacques Trottier, directeur général de Labeyrie, qui estime prématuré pour l'instant de faire des prévisions de production.
Selon Philippe Carré, les canards devraient être de retour dans les élevages mi-juin, et les abattages reprendre autour du 15 août.
Tout dépendra de la durée du vide sanitaire, pendant lequel aucun palmipède ne sera présent dans les élevages afin de tout désinfecter. Les modalités devraient être fixées "d'ici fin janvier", selon le ministère de l'Agriculture.
Les nouvelles mesures impliqueront aussi de lourds investissements pour les industriels et un changement des méthodes d'élevages, explique Philippe Carré.
Il faudra probablement "limiter les flux de transports et moins mélanger les classes d'âge de canards" dans un même élevage afin de contenir la propagation de la maladie, détaille-t-il.
Si le foie gras français vient à manquer, il y a un "risque de recrudescence des importations d'Europe de l'Est", craint Philippe Carré.
La Vendée et l'Alsace, autres régions de production de canards gras, auront du mal à compenser la baisse dans le Sud-Ouest, d'autant que la production répondant à une IGP (indication géographique protégée) ne peut se faire qu'avec du canard local, estiment les dirigeants de Delpeyrat.
La crise tombe d'autant plus mal que le marché avait "plutôt bien résisté à Noël", malgré l'ambiance morose liée aux attentats de Paris, rappelle Jacques Trottier.
L'interprofession a chiffré à environ 350 millions d'euros l'impact pour la filière, qui emploie 100.000 personnes.
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