Hypnose : pas de preuve de son efficacité contre le tabagisme
"Si l’hypnose existe depuis des centaines d’années, il reste encore aujourd’hui difficile de juger clairement de son utilité dans le domaine médical", avance l’Institut national de la santé et de recherche médicale (Inserm) dans un communiqué paru mardi 8. C’est pourquoi des chercheurs ont décidé d'évaluer l’efficacité de cette médecine alternative. Et, selon leur rapport remis à la Direction générale de la santé, si l'hypnose présente un intérêt thérapeutique lors d'anesthésies ou pour la prise en charge du syndrome du côlon irritable, elle ne sert en revanche à rien pour ce qui est du sevrage tabagique.
Au cours de l'étude, l'équipe du professeur Bruno Falissard, psychiatre et directeur de l’unité santé mentale et santé publique de l’Inserm, s'est appuyée sur plus de 50 essais cliniques. Les chercheurs ainsi observé que l'hypnose apportait des résultats bénéfiques dans le cadre d’anesthésies, notamment locales, pour des opérations de dents de sagesse ou des biopsies mammaires, par exemple. "Six gros essais ont montré que cela permettait de diminuer la consommation de médicaments antalgiques ou sédatifs", détaille Juliette Gueguen, médecin de santé publique et coauteur du rapport.
Les chercheurs se sont également aperçus que l’hypnose présentait un intérêt dans le traitement du syndrome du côlon irritable, caractérisé par des douleurs abdominales, des ballonnements, des diarrhées et des constipations. "Une hypnothérapie, lorsqu’elle compte au moins 5 séances, permet de limiter ces symptômes", explique ainsi Juliette Gueguen. Autre constat positif de l'étude: sur le plan de la sécurité, aucun effet indésirable grave n'a été recensé.
En revanche, pousser les femmes à se plonger elles-mêmes dans un état de transe hypnotique au cours de leur accouchement n’a pas permis de limiter de manière conséquente le recours à la péridurale. Quant au sevrage tabagique, "il n’existe pas de preuve suffisante à ce jour pour conclure à une efficacité de l’hypnothérapie", note Juliette Gueguen.
Il se peut toutefois que la méthodologie utilisée lors de ces essais soit mal adaptée à l’évaluation de cette médecine alternative, nuance Bruno Falissard. En effet, "certains critères utilisés sont difficilement transposables d’un médicament à l’hypnose", rappelle-t-il. Par exemple, si les femmes sous auto hypnose au moment de leur accouchement avaient toujours aussi mal, la plupart d’entre elles ont en revanche gardé un meilleur souvenir de ce moment que les autres.
"Ces soins ont donc peut-être un effet que les essais cliniques classiques n’arrivent pas à capturer", avance Bruno Falissard. "Et quand bien même il ne s’agit que d’un effet placebo, cela peut être utile". En outre, les chercheurs ne se sont pas penchés sur l’utilisation de l’hypnose pour traiter les troubles du sommeil ou la dépression, déplore Juliette Gueguen.
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