Léa, interne à l’hôpital et testée positive au coronavirus : « Mon cas montre que les gestes barrières sont très efficaces ! »
Léa est interne aux urgences d’Agen depuis le mois de juin. Testée positive au coronavirus, elle est à l’isolement pour sept jours dans sa chambre de l’internat. Ses symptômes sont légers (anosmie et agueusie, soit perte de l’odorat et du goût, et un peu de fatigue). Mais il a bien fallu organiser son remplacement par ses collègues et gérer au mieux la vie à l’isolement alors qu’aucun protocole n’avait été anticipé.
FranceSoir : Comment avez-vous contracté le virus ?
Léa : Un peu bêtement, je me suis relâchée pendant les vacances et j’ai été en contact avec un ami qui a été testé positif quelques jours plus tard. Lorsque j’ai eu des symptômes de rhinopharyngite, j’ai fait un test, puis deux, qui sont revenus négatifs. J’ai également fait un test sérologique pour vérifier que je n’avais pas été infectée ces derniers mois. Négatif également.
Le troisième test PCR, en revanche, est revenu positif. J’ai donc immédiatement été déchargée de mes patients et placée à l’isolement dans ma chambre d’internat qui, par chance, est assez grande…
FS : Vous êtes la première interne de l’hôpital à être infectée, vous avez pourtant été souvent en contact avec le virus…
Léa : C’est vrai et c’est très rassurant quant à l’efficacité des gestes barrières que nous appliquons strictement à l’hôpital. Cela montre que nous sommes très protégés.
D’ailleurs, après mes deux tests négatifs, j’ai été en contact avec ma famille lors d’un anniversaire mais j’ai appliqué les gestes barrières de façon stricte et cela a également été efficace : toute ma famille a été testée après mon test tombé, et personne n’a été infecté. C’est la preuve encore une fois que les mesures barrières fonctionnent. Et aussi qu’au moindre relâchement, on peut être infecté…
FS : Vous vivez donc à l’internat, avec 40 collègues de l’hôpital d’Agen. Quel protocole a été mis en place lorsque vous avez été testée positive ?
Léa : Aucun protocole ne semble avoir été anticipé à l’internat, ce qui m’a un peu surprise. L’hôpital a organisé un test le lendemain de mon test positif, soit 3 ou 4 jours après le dernier contact avec moi. Tous les tests de mes collègues sont revenus négatifs, mais c’est faussement rassurant. Ils doivent être de nouveau testés une semaine après le dernier contact avec moi.
Pour le reste, j’ai le sentiment que la direction de l’hôpital a eu un peu de mal à gérer mon cas. On m’a demandé bien sûr de m’isoler totalement dans ma chambre, la direction de l’hôpital nous a fourni du gel hydroalcoolique et des masques, dont le port a été imposé pour tous dans les parties communes. Mais en dehors de cela, nous n’avons eu aucun conseil.
Nous nous sommes donc organisés seuls : mes collègues m’apportent des plateaux repas dans ma chambre le soir, pour que je n’aie pas à aller au réfectoire à l’heure de pointe… Pour le déjeuner, ils m’autorisent à aller dans la salle commune pour que je puisse m’aérer un minimum et m’ont installé une table à l’écart, avec ma vaisselle et tout le matériel nécessaire pour désinfecter.
FS : Comment votre quarantaine a-t-elle impacté l’organisation du travail au sein de votre service ?
Léa : De ce côté-là aussi, nous nous sommes organisés entre nous. Je devais être de garde pendant 24 heures le week-end dernier et il n’a pas été simple de trouver un remplaçant. Comme je ne trouvais personne, j’ai sollicité la direction des affaires médicales, qui m’a demandé de chercher encore avant de devoir désigner une personne au hasard. J’ai fini par trouver quelqu’un : une collègue, interne dans un autre service, a écourté ses vacances pour prendre ma garde. D’une manière générale, nous procédons de cette manière si nous avons besoin de nous faire remplacer : nous nous arrangeons entre nous et sommes solidaires.
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