Les médecins ne disent pas toute la vérité à leurs patients
Votre médecin vous dit-il la vérité, rien que la vérité? C’est la question sur laquelle s’est penché le site d’information médicale Medscape. Et le résultat de l’étude n’est pas tout propre: 43% des médecins français admettent cacher une partie de la vérité à leurs patients. Ils auraient tendance à relativiser les risques d’une intervention chirurgicale ou d’un traitement.
Un chiffre qui parait d’autant plus frappant quand on le compare à celui des Etats-Unis où seuls 10% des médecins interrogés disent parfois mentir à leurs patients. Selon, Sylvie Fainzang, anthropologue spécialisée dans la maladie, l’explication tient à une différence culturelle: les anglo-saxons, majoritairement protestants, réprouvent très fortement le mensonge et ont une peur bleue d’être poursuivi pour "délit de parjure", explique-t-elle au Parisien qui dévoile les résultats de l’étude ce samedi.
A la question, "seriez-vous prêts à restreindre l’information communiquée au patient à la demande de la famille?", 43% des médecins français refusent catégoriquement. Sans surprise, on remarque que les plus jeunes sont les plus enclins à se laisser intimider par les proches de leur malade: 30% des moins de 40 ans seraient franchement enclins à céder et 27% selon les cas, contre respectivement 20% et 37% chez les plus de 40 ans.
Concernant les prescriptions de placebo —un produit sans véritables effets mais jouant sur l'aspect psychologique—, les praticiens sont partagés. Un tiers avoue en donner, tandis qu’un quart expliquent que "cela dépend".
Au niveau de l’erreur médicale, là encore, les anglo-saxons sont plus francs que nous. Alors que 60% des médecins américains estiment inacceptable de ne rien dire, 32% des leurs confrères français admettent cacher une erreur médicale à leur patient, dans la mesure où celle-ci ne lui porte pas préjudice. Et dans le cas où elle nuirait au malade, 16% d’entre eux continuerait tout de même à cacher la vérité, contre 3% aux Etats-Unis.
Enfin, évoluant toujours dans la culture du secret, les Français semblent plus attachés au secret médical que leurs homologues américains. Seuls 40% d'entre eux sont prêts à rompre le devoir de réserve s’ils estiment que la santé d’un patient peu nuire à autrui contre 66% aux Etats-Unis.
>Plus de 4000 médecins de 42 pays d’Europe ont répondu à un sondage de Medscape pour connaitre leur point de vue sur diverses situations en lien avec l’éthique médicale.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.