Martin Hirsch va quitter la direction de l'AP-HP
Le directeur de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a annoncé ce matin son départ lors d'une réunion du directoire et dans une lettre adressée aux personnels : il quittera son poste à la fin du mois, à l'issue d'un mandat émaillé de polémiques et alors que les hôpitaux sont plus que jamais en crise.
Martin Hirsch, 58 ans, avait été nommé à ce poste en 2013, après avoir été notamment Haut commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté et à la jeunesse entre 2007 et 2010, dans le cadre de "l'ouverture" revendiquée par Nicolas Sarkozy : un titre qui marquait une forme d'indépendance pour cet homme classé à gauche, ancien président d'Emmaüs (2002-2007).
Sortie de crise
Malgré le "Ségur" de la Santé, l'institution parisienne qu'il s'apprête à quitter traverse une profonde crise. Comme le reste de l'hôpital public, l'AP-HP souffre notamment de la pénurie de soignants, qui s'est aggravée avec le covid et la suspension de ceux qui ont refusé l'obligation "vaccinale".
Malgré les efforts significatifs de la direction de l'AP-HP, les difficultés de recrutement sont particulièrement prégnantes en région parisienne, en raison du coût du logement notamment : les soignants qui sont contraints d'habiter loin de leur lieu de travail ajoutent à un rythme de travail exigeant des temps de transport difficilement compatibles avec une vie équilibrée. Le président de l'AP-HP n'a pas réussi à endiguer le cercle vicieux "moins de personnels - moins de lits", et les hôpitaux publics parisiens restent sous haute tension. Écartelés entre pénurie de soignants, épuisement de ceux qui restent, et méfaits d'une gestion bureaucratique, ils sont vulnérables à la moindre hausse de fréquentation, voire débordés de façon chronique.
Voir aussi : Bernard Kron : le système de santé malade de son administration
Un modèle hospitalier différent ?
Martin Hirsch salue le courage et l'abnégation des soignants dans son courrier, et affiche ses regrets de ne pas avoir pu mettre en œuvre "un modèle hospitalier différent de ce qu'il a été avant, plus proche de nos attentes et de nos ambitions à tous". "C'est parce que j'ai pensé ne pas pouvoir réunir toutes les conditions pour que cet engagement soit respecté que j'ai décidé, il y a un mois, de remettre mon poste de directeur général de l'AP-HP à la disposition du gouvernement", écrit-il avant d'appeler à une réforme profonde : "Je suis convaincu que beaucoup de maux dont nous souffrons appellent des changements de même ampleur que ceux qui avaient été réalisés en 1958, quand l'hôpital universitaire avait été repensé pour lui redonner force, noblesse et attractivité".
Polémiques
Fervent défenseur de la doxa sanitaire, particulièrement lors de la gestion du covid, le patron de l'AP-HP s'était attiré les foudres du professeur Raoult, qui en 2020 l'avait attaqué en justice : Martin Hirsch avait accusé le directeur de l'IHU de "faux témoignage" lors de son audition par une commission d'enquête parlementaire, au sujet des chiffres de réanimation comparés de Paris et de Marseille. Didier Raoult avait annoncé porter plainte pour "dénonciation calomnieuse".
Martin Hirsch avait aussi créé la polémique en janvier dernier en s'interrogeant sur France 5 sur la légitimité des "non-vaccinés" à continuer de bénéficier de la gratuité des soins. Ses propos avaient suscité un tollé et provoqué de nombreux appels à sa démission.
Succession sensible
Le nom de son successeur n'est pas encore connu : un profil politique comme l'était Martin Hirsch, énarque ayant fait carrière dans le sillage de Bernard Kouchner ? Ou plutôt issu de la technostructure hospitalière ? Ou un médecin ? Aurélien Rousseau, ancien directeur de l'Agence régionale de santé d'Île-de-France et désormais directeur de cabinet d'Emmanuelle Borne, aura sans doute l'oreille de la Première ministre pour cette nomination à ce poste prestigieux et difficile. Pour la future direction de l'AP-HP, à la tête de 100 000 personnes et 38 hôpitaux, les dossiers s'annoncent brûlants et la tâche ardue, pour un hôpital plus que jamais en état d'urgence.
Voir aussi : "La fracture", portrait rageur et tendre d'un état d'urgence... social, par Catherine Corsini
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