Masques contre le coronavirus : l'inavouable scandale d'Etat

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France-Soir
Publié le 03 avril 2020 - 10:15
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Masque FFP2, une protection élémentaire
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JOEL SAGET / AFP
Les masques de protection, de nombreuses questions en suspens
JOEL SAGET / AFP

Comment les professionnels de santé peuvent-ils aujourd’hui encore travailler sans masque de protection contre le coronavirus? Une question qui met en évidence des mauvais choix passés dans les stocks disponibles en France. Une erreur qui s'est transformée  en scandale lorsque  les politiques et le comité scientifique ont relativisé l'efficacité des masques  dans la lutte contre l'épidémie du coronavirus. Cela  pour ne pas avoir à avouer qu'il n'y en avait pas assez pour tout le monde. Embarassé, Edouard Philippe dans son intervention d'hier sur TF1, n'en a pas dit un seul mot.

Aujourd’hui encore, certaines infirmières libérales ne disposent pas de ces protections élémentaires pour se protéger du coronavirus, et il en est de même pour des policiers, des gendarmes et plus  généralement pour toutes celles et tous ceux, appelés à être en contact avec d’éventuelles personnes contaminées.

Comment en est-on arrivé là dans un pays qui prétend  être un modèle en matière sanitaire?

 

Lire aussi: Decathlon offre ses célèbres masques de plongée aux personnels soignants

 

Pourtant au début des années 2000, la France avait adopté un plan ambitieux pour faire face à de telles crises sanitaires exceptionnelles, et on a donc encore plus de mal à comprendre, comment on a pu en arriver à une telle situation.

Les autorités sanitaires avaient anticipé mais...

Dans les années 1980 et 1990, les autorités publiques se sont préoccupées de la survenance d’épidémies comme celle que nous connaissons aujourd’hui avec le coronavirus. La «loi relative à la préparation du système de santé à des menaces sanitaires de grande ampleur» (2007) était à l’origine de la création d’un Etablissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (Eprus). Un stock de masques de protection (un milliard au total entre les masques chirurgicaux et les masques FFP2) avait été très vite constitué

Changement de doctrine

Mais depuis la fin des années 2000, les gouvernements successifs mais aussi la représentation nationale ont fait évolué la doctrine, comme le confirme la note du 16 mai 2013 rédigée par le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN). Cette évolution de cette doctrine repose sur de multiples facteurs, qu’il serait difficile de lister de manière exhaustive, même si on peut souligner, dans les multiples arguments débattus

  • La possibilité pour les masques et autres matériels de protection de déléguer la constitution et la gestion des stocks aux entreprises elles-mêmes;
  • La nécessité de réduire le coût supporté par l’Etat dans la gestion de ces stocks avec des masques à renouveler régulièrement
  • La possibilité de s’approvisionner rapidement (en 2013)

Si la doctrine évolue, les fondements mêmes de cette stratégie de défense restent les mêmes puisque tous les rapports, études et notes sur le sujet reprennent les conseils du HCSP (Haut Conseil de la Santé Publique): «le port de masques chirurgicaux pour les personnels en contact avec le public et les personnes se rendant dans des lieux publics».

Cette évolution de la doctrine trouvait une autre forme de concrétisation puisque l’Eprus était supprimé pour être intégré à un seul établissement public : Santé Publique France.

Masques ou pas masques, les décisions changeantes des autorités publiques ?

Pour masquer la pénérie et pour ne pas tomber dans le scénario catastrope d'un manque de masques pour le personnel soignant, le gouvernement avait diffusé le conseil de ne pas porter de masque si l'on étéait pas maleade. Expliquant comme une ritournelle que ce n'est pas utile car le masque ne protégeait pas des "virus " des autres. La ficelle était un peu grosse mais elle a fait son petit effet pendant un certain temps. Au point de trop dédramatiser l'ampleur de l'épidémie aupres de la population et de favoriser les comportements peu vigilants. Par ailleurs ce manque de transparence est aujourd'hui dévastateur sur la confiance de la population. 

Aujourd’hui, l’annonce de la commande de plus d’un milliard de masques doit certes répondre aux attentes des soignants et plus généralement de la population. Et en annonçant que tout serait fait pour «muscler» la production française dans les prochaines semaines mais aussi sur le long terme, le président de la République semble enfin avoir pris conscience de l’angoisse que cette question des masques a fait naître dans l’esprit des Françaises et des Français.

 

A lire aussi: Coronavirus: comment fabriquer ses propres masques chirurgicaux, selon le CHU de Grenoble (Tutoriel)

 

 

 

 

 

 

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