Masques de protection : attention à ne pas oublier la distance physique entre personnes !

Auteur(s)
FranceSoir
Publié le 11 mai 2020 - 11:35
Image
Des spécialistes craignent que le sentiment de sécurité apporté par les masques entraînent un laxisme au niveau de la distanciation sociale
Crédits
Kate Trifo / Unsplash
Kate Trifo / Unsplash

À ce stade de l’épidémie, le port d'un masque de protection est reconnu comme une mesure barrière efficace pour limiter la propagation du virus. Certains sont convaincus par le port du masque pour pouvoir à  nouveau participer pleinement à la vie en société, mais d’autres le trouvent trop contraignant pour les relations humaines. Comment le port du masque généralisé va-t-il influer sur notre comportement? Va-t-il avoir des conséquences inattendues? Des spécialistes craignent que le sentiment de sécurité, apporté par les masques, entraîne un laxisme au niveau de la distanciation sociale et des usages non conformes des masques pour contourner les barrières de communication.

Les masques peuvent nous faire oublier la distanciation sociale

Les masques de protection, auparavant utilisés uniquement par les touristes asiatiques en France, ont été adoptés par la plupart des Français qui ont aussi adapté leur comportement, pas forcément de manière positive.
Selon Joyce Ehrlinger, professeure adjointe à la Washington State University, l’utilisation généralisée des masques pourrait avoir des conséquences inattendues, notamment en procurant un faux sentiment de sécurité. Les personnes équipées des masques se montrent moins prudentes et n’ont plus peur de se retrouver en groupe, de faire leurs courses très régulièrement, et surtout, elles respectent moins les distances de sécurité entre les personnes alors qu’elles le faisaient de manière stricte sans masque.
De la même façon que des bouées ou brassards ne veulent pas dire qu’un enfant peut nager sans surveillance, les masques ne doivent pas faire baisser la garde. Il faut toujours respecter toutes les mesures barrières, comme la lavage des mains, la distanciation sociale, etc. Le port du casque à vélo, par exemple, joue aussi un rôle trompeur en terme de sécurité. Selon une étude, les voitures se rapprochent beaucoup plus des cyclistes bien équipés, ce qui les rend plus susceptibles d'être victimes d’un accident.
Le Dr Roger Chou, chercheur principal d'une étude phare de l'OMS sur les masques, partage aussi cette crainte que, involontairement, les masques réduisent notre tendance à respecter la distance sociale.

Une barrière à la communication

Les masques sont toutefois utiles pour vaincre les peurs qui bloquent de nombreuses personnes pour reprendre leurs activités d’avant. Tout ne sera pas aussi facile cependant car la communication interpersonnelle est fortement impactée par le port du masque.
Pendant une conversation, la lecture du visage peut nous permettre de recueillir des informations importantes pour comprendre nos interlocuteurs. Pour Stephan Bunard, expert en communication non-verbale, la bouche donne des informations clés, par exemple, pour évaluer le non-dit de l’ordre du “bluff” ou du mensonge.
Les personnes sourdes et malentendantes sont particulièrement concernées.
Émilie Ozouf, gérante de la coopérative Liesse, agence d’interprètes en langue des signes à Rouen, explique que, avec les masques, la lecture labiale est devenue impossible pour les sourds et malentendants, notamment en milieu hospitalier où ils ont plus besoin que jamais d'être rassurés par leurs interlocuteurs. La créativité des personnels soignants leur vient parfois en aide. Des masques transparents ont, par exemple, été créés pour pouvoir communiquer avec les patient malentendants, mais pas seulement avec eux, car certains professionnels de santé trouvent les masques transparents essentiels pour pouvoir rassurer leurs patients et optimiser la prise en charge du malade de façon moins hostile.

Il suffirait de s’adapter

Les dangers au niveau de la sécurité ne sont pas une raison pour mépriser le port de masque. Au contraire, chaque effort permet de contrer la propagation de COVID-19. Selon Stephan Bunard, « le masque va nous obliger à nous adapter ».  On exagèrera les gestes avec le corps, ce qui a déjà été observé dans les hôpitaux entre personnels soignants et malades. La clé serait de rester humain, en communiquant plus avec le corps qu’avec le visage, sans briser la distanciation sociale.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
ARA
Décès de ARA, Alain Renaudin, dessinateur de France-Soir
Il était avant toute chose notre ami… avant même d’être ce joyeux gribouilleur comme je l’appelais, qui avec ce talent magnifique croquait à la demande l’actualité, ou...
07 novembre 2024 - 22:25
Portraits
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.