"Produit du tabac" comme les autres, la cigarette électronique interdite de publicité
Jusqu'à présent, la cigarette électronique bénéficiait d'un avantage par rapport aux autres produits du tabac: elle avait le droit d'en assurer la publicité, y compris à la télévision. Mais une ordonnance parue vendredi 20 dans le Journal Officiel sonne désormais le glas de ce privilège."Sont considérés comme produits du tabac les produits pouvant être consommés et composés, même partiellement, de tabac, qu'il soit ou non génétiquement modifié", est-il écrit. Or, "la propagande ou la publicité, directe ou indirecte, en faveur du tabac, des produits du tabac, ainsi que toute distribution gratuite ou vente d'un produit du tabac à un prix inférieur à celui qui a été homologué" sont interdites. La France transpose ainsi la directive européenne de lutte contre le tabagisme. Les publications destinées aux professionnels éditées dans des pays n'appartenant pas à l'Union européenne échappent toutefois à cette directive. Par ailleurs, les établissements commercialisant les e-cigarettes ont encore le droit de poser des affichettes dans leur commerce sous réserves que celles-ci ne soient pas visibles depuis la rue.
"C'est une censure extrêmement violente qui va nous interdire complètement de communiquer auprès de nos clients, or le vapotage est un moyen efficace de réduction du risque tabagique et nous considérons que tout ce qui peut mettre les fumeurs français à distance des produits du vapotage est une mauvaise décision", a réagi Jean Moiraud, président de la fédération interprofessionnelle de la vape (FIVAPE), cité par France TV Info. D'autant que les mesures d'interdiction ne concernent pas que la publicité. Elle s'ajoute à l'interdiction de la vente aux mineurs, du vapotage dans les établissements scolaires, dans les transports en commun fermés et sur les lieux de travail fermés et à usage collectif. Le texte ne précise toutefois pas si l'interdiction de fumer la e-cigarette s'étend aux bars et aux restaurants.
Ces mesures interviennent peu après que des associations, industriels, médecins, producteurs, consommateurs et représentants de l'Etat ont appelé les autorités sanitaires françaises à recommander le vapotage dans la lutte contre le tabagisme. Lors du sommet français sur la cigarette électronique, le premier, qui s'est tenu à Paris début mai, les professionnels du secteur ont conjointement reconnu que "les émissions de la vape ont une composition au minimum 20 fois moins toxique que la fumée de tabac" et que des normes existent pour assurer de la qualité des produits. Selon eux, la cigarette électronique permet en outre d'arrêter ou de réduire la consommation de tabac, notamment grâce à des arômes et des doses de nicotine adaptés à chacun.
La e-cigarette, mélange de nicotine et de propylène glycol a été conçue au début des années 2000 par un pharmacien chinois nommé Hon Link. Le premier brevet a été déposé en 2005 et le succès ne s'est pas fait attendre. En 2015, les ventes étaient estimées à 3,2 milliards de dollars dans le monde. L'année précédente, 26% de la population française avait déjà expérimenté la cigarette électronique, révèle Le Monde d'après qui ce produit est principalement fumé au quotidien par les 25-34 ans (9% d'usagers réguliers).
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