Psychologie numérique : les assistants virtuels thérapeutiques ont aussi profité de la crise

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FranceSoir
Publié le 25 juin 2020 - 11:59
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Psychologie numérique
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Engin Akyurt / Unsplash
Les nouvelles technologies appliquées à la santé mentale pourraient être révélatrices de sa nouvelle place dans la société.
Engin Akyurt / Unsplash

Pendant l’épidémie de coronavirus, la réponse sanitaire a été clairement privilégiée au détriment de la santé mentale, avec les mesures de confinement, très impactantes au niveau psychologique et psychiatrique. La santé mentale est pourtant cruciale pour le bien être, et constitue un pilier de notre santé en général. Les intelligences artificielles, concrètement celles qui peuvent parler avec l'humain, se sont rendus utiles
Pendant la période de distanciation sociale pour combler les risques de vulnérabilité psychologique auxquels les Français ont dû faire face. Lutte contre la solitude, gestion du stress, téléconsultation, ou soutien au personnel soignant, les champs d’application des outils dédiés à la santé mentale sont très divers. Les nouvelles technologies appliquées à la santé mentale pourraient être révélatrices de sa nouvelle place dans la société.

Une app qui identifie des comportements problématiques et propose des exercices

Des chercheurs français et suisses issus du CNRS et de l’Inserm ont apporté leur contribution à la crise sanitaire en créant « Covidout » un site de ressources pour aider les personnes en souffrance psychique passagère ou chronique et pour aider à trouver des stratégies d’adaptation à moyen et long terme pour mieux vivre la crise.
Derrière cette initiative, des chercheurs créateurs de l’application Mon Sherpa, qui elle, aussi a  atteint 50 000 téléchargements fin mai. L’application est capable d’identifier un comportement problématique (phobie, addiction, angoisse…) pour tenter de le modifier avec de petits exercices, inspirés des thérapies comportementales et cognitives.
Covidout est un accompagnant lifestyle, une sorte de coach. Outre le programme et le suivi personnalisé, il propose aussi des vidéos et conseils concrets sur différentes sphères de la vie comme le sommeil, le sport, méditation, la respiration, la nutrition, la sexualité, la gestion du stress et des conflits, la psychologie, les gestes sanitaires l’ergothérapie...etc. L’utilisateur peut également  mesurer au quotidien l’évolution de son humeur et de ses émotions.
Avec le déconfinement , des personnes se sont tournés vers Covidout pour faire face à l'anxiété liée aux risques de contamination, au stress du retour au travail, à l'école, ou dans les transports en commun.

Une solution de bien être mental qui accompagne au travail

Lors de la crise, le personnel  soignant a été très sollicité. Dans le feu de l’action, ils ont manqué de temps pour reconnaître leurs propres symptômes de stress — anxiété, insomnie, dépression ou détresse psychologique. Cela qui peut-être le cas dans de nombreux autres secteurs professionnels en temps normal.
Au Canada, une ligne téléphonique intelligente a été développée spécifiquement pour venir en aide aux personnels soignants, et les accompagner pendant l’épidémie. L’outil a pu leur permettre de prendre un certain recul, d’arrêter quelques instants et de réfléchir à leur bien être. Ce type d'outil est une façon de prévenir les troubles psychologiques, au lieu de soigner et combattre des traumatismes difficiles de réparer a posteriori.

Les limites des chatbots thérapeutiques

Si un robot peut tchatter avec nous, répondre au téléphone pour nous aider à prendre du recul en période de stress, il ne sera jamais en revanche un remède à la solitude.
L’isolement a été renforcé pour beaucoup par la pandémie de coronavirus. L'intérêt pour les  amis virtuels et les chatbots conversationnels n'a cessé de croître dans cette periode 
Replika, par exemple, un chatbot d'intelligence artificielle (IA) qui sert de compagnon numérique, a doublé ses téléchargements. En France, Owlie, accessible via Messenger, a constaté entre 100 et 500 % nouveaux utilisateurs journaliers en plus par rapport à la même période l'an passé. 
Les chatbots peuvent nous faire croire à un interlocuteur idéal, qui ne coupe jamais la parole à celui qui lui parle, qui reste toujours poli et affable et qui ne nous juge pas. Il reste pourtant seulement un robot et les technologies ont leurs limites. Pour Thomas Gouritin, le problème serait le manque d’empathie. Expert en chatbots, Gouritin explique que les assistants fonctionnent avec un système de détection par mots-clés. Le chatbot est programmé pour répondre à certains mots-alerte, comme «tristesse» ou «solitude», mais il ne peut forcément pas apporter une réponse véritablement empathique et sur mesure. Et le fait de ne pas être compris par un chatbot, comme pour un humain, peut générer de la frustration et augmenter le sentiment d’angoisse. 

Prévenir pour un système de santé plus efficace

La généralisation des outils numériques pourrait en tout cas être l’opportunité de normaliser le suivi thérapeutique de la santé mentale, essentiel pour éviter des problèmes ou troubles psychologiques. Selon Xavier Briffault;  chercheur en sciences sociales et philosophie de la santé mentale au CNRS, le système français ne s’attaque pas à la prévention des crises, mais réagit seulement aux problèmes une fois survenus, ce qui n’est pas très efficace. Outre les applications, Briffault considère que l'école devrait aussi avoir un rôle dans la prévention, en améliorant les mécanismes sociaux de résilience face à ce type de crise.
 

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