Rémunération des médecins : début des négociations avec l'Assurance maladie
Augmenter la rémunération des médecins tout en respectant les contraintes budgétaires et en améliorant l'accès aux soins: c'est le défi à relever pour l'Assurance maladie, qui entame ce mercredi 24 la négociation avec les médecins libéraux pour une nouvelle convention quinquennale. Les cinq syndicats représentatifs de la profession (CSMF, FMF et SML pour les spécialistes et généralistes, MG France pour les généralistes et le Bloc pour les chirurgiens) ont rendez-vous au siège de la Caisse nationale d'assurance maladie à Paris avec son patron, Nicolas Revel.
Ce tour de chauffe permettra de préciser le calendrier, les modalités et les objectifs des discussions organisées jusqu'à l'été en vue d'un nouveau texte régissant, pour cinq ans, les relations entre les médecins et la Sécu, selon des orientations fixées par le gouvernement.
La négociation s'annonce ardue face à des syndicats échaudés par l'instauration d'ici à 2017 du tiers payant (dispense d'avance de frais) généralisé, mesure phare de la loi Santé qu'ils refusent d'appliquer. Et le contexte n'a jamais été aussi contraint: l'Assurance maladie doit économiser plus de 3 milliards d'euros par an d'ici à la fin du quinquennat.
L'actuelle convention arrivant à échéance le 26 septembre, les négociateurs auront jusqu'au 26 août pour se mettre d'accord, sans quoi un règlement arbitral sera confié à une personnalité choisie mercredi. "On va présenter les équipes, entrer sur le terrain, mettre le ballon au milieu et l'arbitre sera désigné", résume Jean-Paul Ortiz, le président de la CSMF.
En jeu, l'amélioration des prises en charge, la lutte contre les déserts médicaux ou les dépassements d'honoraires, mais surtout la hausse des revenus des médecins, réclamée depuis plus d'un an par les syndicats, certains ayant appelé les généralistes à augmenter eux-mêmes le tarif de leur consultation, bloqué à 23 euros depuis 2011.
"La rémunération des médecins sera augmentée, la question est sous quelle forme, de quelle manière et à quel rythme", a répété dimanche la ministre de la Santé, Marisol Touraine, qui souhaite poursuivre la diversification des compensations financières octroyées aux médecins en valorisant, par exemple, leur "implication dans la lutte contre le tabac" ou la vaccination. Les sommes allouées pourraient aussi être modulées en "fonction des zones d'installation", est-il précisé dans les orientations retenues par l'Assurance maladie.
Profitant du front inédit constitué contre la loi Santé, les syndicats ont élaboré une feuille de route commune, "une première historique", selon Jean-Paul Ortiz, même s'ils ne sont pas parvenus à se mettre d'accord sur un tarif de base. "Chacun va mettre l'accent sur ses priorités", a expliqué Claude Leicher, le président du principal syndicat de généralistes, MG France, qui fait campagne pour une consultation à 25 euros égale à celle des spécialistes. La CSMF, elle, avait jusqu'à présent exigé une consultation de 30 euros minimum pour tous les praticiens. Tous réclament des revalorisations tenant compte de la complexité des actes, de leur longueur, de leur caractère urgent, etc.
Il ne s'agit pas de "passer une commande au père Noël", selon Luc Duquesnel, le président de l'Unof (branche généraliste de la CSMF), mais de mettre les moyens pour favoriser le "virage ambulatoire" (transfert d'activités de l'hôpital vers la médecine libérale) prôné par le gouvernement, fait-il valoir. Mais le seul "passage de 23 à 25 euros représenterait 550 millions d'euros par an", a déjà prévenu Nicolas Revel.
En outre, les diverses rémunérations versées pour le suivi des personnes âgées, le travail en équipe, ou les primes pour la prescription de génériques, le suivi des maladies chroniques et autres objectifs de santé publique sont venues compléter le traditionnel paiement à l'acte, rappellent les pouvoirs publics, qui soulignent que la consultation atteint 31 euros en moyenne.
Un argument balayé par les syndicats, qui réclament aussi une meilleure protection sociale face à la maternité et à la maladie ou encore des aides pour l'embauche de secrétaires.
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