Sida : née avec le virus, elle est en rémission
C’est une première mondiale. Après avoir été sous traitement antirétroviral jusqu’à l’âge de 6 ans, une jeune Américaine de 18 ans infectée par le virus du sida alors qu'elle était dans le ventre de sa mère est aujourd'hui en rémission, a révélé une étude française présentée lundi 20 à l’occasion de la huitième conférence sur la pathogénèse du VIH, qui se tient jusqu’à mercredi 22 à Vancouver (Canada).
Née en 1996, l’enfant a été "infectée en fin de grossesse ou à l'accouchement alors que sa mère avait une charge virale (quantité de virus présents dans le sang) non contrôlée", selon le Docteur Asier Sáez-Cirión de l'Institut Pasteur cité par Le Parisien. Diagnostiquée porteuse du VIH un mois après sa naissance, elle a immédiatement traitée par l’antirétroviral Zidovudine pendant six semaines. "Deux mois plus tard, et suite à l'arrêt programmé du traitement prophylactique, elle présentait une charge virale très élevée, conduisant à la mise en route d'un traitement associant quatre antirétroviraux", a détaillé Dr Sáez-Cirión.
Cinq ans et demi ont passé, au cours desquels l’enfant a pris ses médicaments. Puis, le corps médical l’a perdue de vue et, quand elle a eu 6 ans, en raison de la complexité du traitement, sa famille a décidé de l’arrêter. Examinée un an plus tard, la fillette présentait une charge virale indétectable (moins de 50 copies d'ARN-VIH par millilitre de sang). Stupéfaits, les médecins ont donc décidé de ne pas la remettre sous traitement.
Aujourd’hui âgée de 18 ans, la jeune fille "présente toujours une charge virale indétectable (...) sans avoir jamais repris d'antirétroviraux". "Son nombre de lymphocytes CD4 (cellules responsables de la mémoire immunitaire contre les maladies, NDLR) est resté stable tout au long de ces années", ont expliqué les scientifiques. Cette Américaine ne présentant aucun facteur génétique connu pour être associé à un contrôle naturel de l’infection, "c'est le fait d'avoir reçu très tôt après sa contamination une combinaison d'antirétroviraux qui lui permet d'être en rémission virologique depuis aussi longtemps", a assuré le Dr Asier Sáez-Cirión.
Ainsi, cette étude montre l’intérêt de mettre sous traitement antiviral tous les enfants nés de mères séropositives le plus rapidement possible après la naissance et apporte la preuve "qu'une rémission prolongée après un traitement précoce peut être obtenue chez un enfant infecté par le VIH depuis la naissance". Le Docteur Sáez-Cirión recommande toutefois de ne pas stopper un traitement antirétroviral en dehors d'essais cliniques, que ce soit chez l'enfant ou chez l'adulte.
Et si le cas de cette jeune fille "est un fait clinique majeur qui ouvre de nouvelles perspectives de recherche", "cette rémission ne doit toutefois pas être assimilée à une guérison", a mis en garde le professeur Jean-François Delfraissy, directeur de l'ANRS, groupement de chercheurs de toutes disciplines sur le sida et les hépatites virales. "Cette jeune femme reste infectée par le VIH et il est impossible de prédire l'évolution de son état de santé", a-t-il ajouté. Interrogée par Europe-1, Christine Rouziou, responsable des laboratoires de virologie à l’hôpital Necker ayant suivi ce cas pendant des années, s’est montré plus optimiste quant à l’avenir: la jeune fille "a un degré d'affection faible et une capacité immunitaire qui laisse espérer une rémission encore plus longue".
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.