Thuasne a la fibre novatrice
Si le nom de Thuasne reste encore peu connu du grand public français, la renommée de son savoir-faire dans le domaine du textile médical a, depuis longtemps, dépassé nos frontières. Créée en 1847, la société familiale francilienne emploie aujourd’hui 1.800 personnes dont près de 600 en France et possède quatre usines à Saint-Etienne (Loire) et une à Heyrieux (Isère).
Avec un catalogue de 8.000 dispositifs médicaux (ceintures lombaires, colliers cervicaux, bas, collants, chaussettes et bandes de compression), Thuasne a su développer des réponses spécifiques adaptées à des pathologies diverses très répandues. "Cette médecine très physique que nous offrons est une médecine qui correspond bien aux besoins des personnes accidentées, qui ont un problème circulatoire ou un autre souci de cet ordre-là", explique à FranceSoir Elizabeth Ducottet, présidente et représentante de la cinquième génération aux commandes du groupe Thuasne.
Des modèles au goût du jour
Bas de contention, ceintures lombaires et chevillères médicales restent les modèles phares du groupe. Vendus en pharmacie et en orthopédie, les produits, pris en charge intégralement par l'assurance maladie en France, sont des solutions thérapeutiques et traitent toute une palette de maladies. Notamment les troubles musculo-squelettiques, les lombalgies, les maladies veineuses et la perte d'autonomie due au vieillissement et à la maladie.
En route depuis plus de 160 ans, l'entreprise joue aujourd'hui la carte du design, qui selon Elizabeth Ducottet demeure essentiel: "c'est très important. Il faut que le produit soit beau, agréable à porter et confortable. C'est pour cela que l'on a intégré dans nos rangs une design manager, Marie Gérard, qui s'occupe exclusivement du design de nos modèles". Un esthétisme bien loin de l’époque des corsets ultra-serrés et des bas de contention de mauvais goût.
Spécialiste du maintien et de la contention, Thuasne met également, depuis 2003, son savoir-faire et son expérience au service des sportifs à travers la gamme Thuasne Sport. Mises au point avec des scientifiques, les performances des sous-vêtements de maintien sont mesurées en laboratoire et bénéficient des dernières innovations textiles.
International: 40% du chiffre d’affaires
Si Thuasne reste très attachée à son berceau historique (Saint-Etienne), son avenir se joue aujourd’hui avant tout sur la scène internationale. Sur 182 millions d’euros de chiffre d’affaires réalisé en 2014, 40% proviennent de l’étranger. Et ce grâce au développement d’un réseau de 40 distributeurs exclusifs dans le monde et aux 14 filiales européennes du groupe (Grande-Bretagne, Belgique, Espagne, Hongrie, Italie, Lettonie, Pays-Bas, Pologne, République Tchèque, Roumanie, Slovaquie, Suède et deux en Allemagne).
Plus récemment, le groupe s’est imposé sur le marché américain en rachetant en 2010 la société californienne Townsend Design.
Mais le développement à l'international reste une étape difficile à franchir, explique Elizabeth Ducottet. "C’est un exercice qui est compliqué et long et qui suppose énormément d’innovations et de marketing pour pouvoir s’adapter aux pays dans lesquels on s’implante. Cela implique de créer quasiment une gamme nouvelle de produits par pays, parce que tous n’ont pas la même réglementation, les mêmes exigences et n’ont pas les mêmes caractéristiques de produits. La santé est encore un marché très fragmenté en Europe".
Trois brevets chaque année
Pour faire face à la concurrence, Thuasne consacre plus de 3,5% de son chiffre d'affaires à la recherche et au développement, et dépose en moyenne trois brevets chaque année. Une dizaine d'ingénieurs coopèrent étroitement avec le service marketing qui, lui, est à l'écoute des besoins des patients, médecins, pharmaciens et équipes médicales.
"Nous sommes dans des produits totalement premium, c'est à dire de très haute qualité, brevetés avec une grande valeur ajoutée. La recherche-développement prend beaucoup de temps, d'énergie et de moyens, mais elle permet d'avoir des produits sur lesquels on a une vraie certitude", se félicite Elizabeth Ducottet.
Un engagement payant puisque la présidente de Thuasne s’est vue confier par les pouvoirs publics et les industriels la présidence du Réseau de l’innovation immatérielle pour l’industrie (un groupe de recherches destiné aux professionnels du textile, de la mode et des industries créatives). Elle est également vice-présidente de l’Asmep/ETI (l’association des entreprises de taille intermédiaire).
Cette chef d’entreprise de 67 ans poursuit l’œuvre de la famille, et notamment de son père auquel elle a succédé en 1991 à la tête du groupe, en privilégiant les trois clés de la réussite de Thuasne: innovation, développement et recherche. Prochain objectif: se développer plus concrètement aux Etats-Unis, "le marché de la santé numéro 1 au monde".
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