Environnement : faut-il revenir aux forfaits internet limités ?
Alors que le numérique est responsable d’une part non négligeable de la production des gaz à effet de serre dans le monde, un retour à une consommation limitée de données numériques permettrait de réduire cette empreinte carbone.
Revenir à une offre Internet limitée pour sauver la planète ?
Jusqu’au milieu des années 2000, avant l’avènement de l’ADSL illimité, les foyers français devaient prendre soin de déconnecter l’ordinateur familial pour éviter de dépasser leur forfait et faire exploser leur facture Internet. Une durée de connexion restreinte qui avait au moins un avantage : celui de limiter l’empreinte carbone due au numérique.
Ce n’est malheureusement plus le cas aujourd’hui. Selon un rapport sénatorial datant de juin 2020 cité par Usbek & Rica, 3,7% des émissions totales de gaz à effet de serre (GES) recensées dans le monde en 2018 seraient dues au numérique, qui est aussi responsable de 4,2% de la consommation mondiale d’énergie primaire. Un gouffre énergétique et environnemental qui risque encore de se creuser avec le déploiement prochain de la 5G sur tout le territoire français. Ce qui amène le magazine à se poser la question : faut-il revenir à ces forfait Internet limités pour des raisons écologiques ?
Limiter la consommation de données numériques
Pour limiter l’impact environnemental d’Internet, il ne faudrait pas cette fois-ci restreindre la durée de connexion, mais plutôt limiter la consommation de données numériques, « notamment portée par l’essor de l’Internet des objets (IoT) et les émissions des data centers », souligne le rapport.
« Le problème, c’est que la progression des volumes de données est trop rapide par rapport au gain énergétique permis par le progrès technologique, explique à Usbek & Rica Hugues Ferreboeuf, expert des questions numériques pour le think tank The Shift Project. Quand le volume de données croît, la consommation électrique des terminaux augmente et les équipements doivent être renouvelés plus vite. Certains usages nouveaux impliquent même de changer obligatoirement de matériel – terminaux ou réseaux. » C’est le cas, par exemple, de la vidéo, qui capte actuellement 65 % des données en circulation, et sature le réseau 4G.
Une atteinte à la neutralité du Net
La solution est-elle alors « d’encourager les forfaits à consommation limitée, y compris sur le fixe », et de baisser le débit une fois le seuil de consommation dépassé, comme le suggère le Conseil national du numérique (CNNum) dans sa feuille de route ?
Nombreux sont pourtant ceux à s’y opposer, estimant qu’un retour aux forfaits limités serait synonyme d’un retour en arrière. Interrogé par Les Échos, Frans Imbert Vier, qui dirige la start-up suisse UBCOM, estime que la « pénalisation de l’usage d’Internet censé être universel et accessible à tous sans limitation, inscrirait la France dans la même politique que celle validée par le président Trump quand il a aboli la neutralité du Net ». Une telle décision inciterait également les opérateurs à filtrer les contenus et les usages, ce qui mettrait à mal la neutralité d’Internet.
De son côté, Gilles Babinet, vice-président du CNNum, rappelle qu’Internet peut aussi générer des usages vertueux, qui auraient cette fois-ci un impact positif sur l’empreinte carbone. Reste désormais à savoir si la programmation par appli de son chauffage pour consommer moins d’énergie ou l’utilisation de Too Good To Go pour limiter le gaspillage alimentaire suffira à compenser les millions de données captées par la vidéo. Là-dessus, rien n’est moins sûr.
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